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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Découvre-moi et tu seras heureux !

Découvre-moi et tu seras heureux !

Dans le coin droit de la grande pièce, un meuble en noyer haut d’une cinquantaine de centimètres servait de pied au vase de Sèvres en porcelaine bleu nuit serti d’un liseré d’or. Aucune fleur ne l’égayait. Il était à lui seul la beauté incarnée.

Dans la boutique « Je garde pour vous » située au 575. Rue du Secret inavoué, Jimmy De Maître, un vieil homme célibataire de soixante-dix ans, la barbe blanche hirsute, le dos voûté, en appui sur une canne arpentait son magasin de long en large.

Au crépuscule de sa vie, il se demandait à qui confier le secret de sa famille transmis de génération en génération, au fils de la famille, depuis son aïeul Alphonse de Maître décédé en 1486. Bel arbre généalogique !

Mais, à ce jour, et ce n’était pas faute d’avoir aimé une femme, Jimmy n’avait pas d’héritier direct ni indirect. Le secret tomberait-il dans l’oubli ?

Restait une solution : faire un testament et désigner une personne étrangère à sa lignée ; quel dilemme !

Adviendra ce qui adviendra. Si cette option était choisie, Jimmy n’en verrait pas le résultat, mais celle-ci avait un goût amer. Au diable la devise de ses ancêtres : « Découvre-moi et tu seras heureux ».

Les clients venaient dans son magasin afin de cacher dans un coffre-fort leur secret de famille parfois inavouable. Ils exigeaient un coffre-fort encastrable, invisible au premier coup d’œil, ignifugé avec en prime une combinaison électronique. En les entendant, Jimmy De Maître, espérait que le code de la bombe atomique était aussi bien protégé, des fois que…

Adultère, crime passionnel, chantage… Jimmy souriait dans sa barbe, mais très vite, son esprit revenait à sa succession. Les clients entraient dans la pièce, inspectaient, touchaient chaque objet. Depuis quarante années qu’il était installé, aucun client n’avait fait attention au coffre-fort familial.

Le hasard alors !

La boutique « Je garde pour vous » était fermée ce jour pour inventaire. À 16h15, Jimmy ouvrit la porte de son magasin afin de respirer l’air presque pur. Les rayons du soleil étaient encore chauds en cette fin d’année. Il s’adossa contre la vitrine, les yeux fermés lorsque :

  • Tout va bien, monsieur De Maître ? Lança Ophélie, une jeune fille de seize ans, triste et solitaire, parce que la beauté physique lui avait tourné le dos.
  • Je vais, Ophélie, merci je fais une pause et toi ! Veux-tu entrer ? Je t’offre un café, un thé, un verre d’eau ou un chocolat. Je laisse la porte du magasin ouverte.
  • J’ai confiance en vous, monsieur, sourit-elle.

Après de longues minutes à parler dans la boutique de la pluie et du beau temps, Jimmy la convia à visiter la pièce attenante. Son esprit, bizarrement, n’avait pas été aussi serein qu’à cet instant.

Des coffres-forts simples, des intransportables ou presque, des numériques, des objets à reconnaissance oculaire, des invisibles, des…

Ophélie fit le tour de la pièce à la vitesse d’un TGV puis elle revint sur ses pas, se figea devant le vase bleu de Sèvres. Elle plia le dos, caressa délicatement le cube en noyer de haute facture. Elle s’agenouilla devant le meuble en bois précieux :

  • Quelle magnificence, monsieur De Maître !
  • Je te le concède.

Elle se releva, contourna l’objet admiré et :

  • Je puis l’ouvrir ?
  • Je t’en prie.

Elle actionna la poignée et un mini coffre-fort apparu avec une fermeture à poignée simple comme bonjour. Jimmy était enchanté et soulagé.

La transmission du secret de sa famille était assurée en la personne d’Ophélie Reno.

Il soupira d’aise. Il mourut deux mois plus tard, une semaine après avoir signé chez le notaire la succession de la famille De Maître.

Ophélie entra chez elle, dans la boutique « Je garde pour vous » au 575. « Rue du Secret Inavoué » entourée de sa famille. Sans vergogne, ils jouèrent aux perceurs de coffre-fort, des fois que…

Dans quelques-uns, Jimmy avait caché un billet de banque. Autant dire que la ruée sur les autres, se fit jour et la discorde entre les frères et sœurs, les oncles et tantes, les cousins et cousines, était à son paroxysme.

Ophélie découvrit la cupidité des siens. Aucun d’eux n’avait vu le meuble en noyer renfermant le trésor de Jimmy De Maître dont elle hérita. Enfin seule dans le magasin, elle abaissa le rideau métallique de la boutique, ferma la porte du salon à clef.

Qu’allait-elle trouver dans ce coffre-fort ?

La poignée s’abaissa et là devant ses yeux ébahis, elle posa une main sur sa bouche et s’écria :

  • Mon Dieu ! Monsieur De Maître, quelle beauté ?

Elle sortit de sa cachette précautionneusement, un mouchoir en celluloïd en recouvrit sa main et sortit le trésor familial de la famille De Maître : une écuelle en noyer sous laquelle était gravée : ADM -1486-

Ophélie pleura toutes les larmes de son corps. Le bonheur et la joie l’accompagnèrent jusqu’à la fin de sa vie. Devenue ébéniste de grande renommée, elle créa une timbale en adéquation avec l’écuelle en bois précieux qu’elle grava : OR-2000-

Elle déposa sa création dans le meuble et seul l’un de ses trois enfants reçut en héritage le secret de sa mère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L
Les coffres-forts sont décidément pleins de trésors...imaginaires!
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