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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Le Coffre-fort

Le Coffre-fort

Voici le dernier texte écrit sur cette consigne d'écriture : j'avais créer une consigne d'écriture concernant le contenu d'un coffre fort. Il s'agissait d'écrire un texte ou une nouvelle dont la chute de l'histoire serait le contenu du coffre-fort.

Depuis des siècles, les hommes créent des outils pour les utiliser de façon précise. Ainsi donc, dans un coffre-fort, on y dépose quelque chose de précieux, à commencer par de l'argent. On peut y déposer d'autres objets, bijoux et autres biens matériels.

Cette consigne, destinée à faire travailler l'imagination de l'écrivain était aussi destinée à celle du lecteur et partant de l'idée que : « Quand on veut croire à quelque chose, on ne voit que ce que l’on veut voir », j'avais ouvert grand la porte de ce fameux coffre.

C'est à vous maintenant de décider, après avoir lu tous ces textes, ce que vous pourriez déposer dans votre coffre-fort.

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Marius habitait une belle demeure dans un bourg briard du nom de Joie en Brie. Son manoir, construit à l’écart était entouré d’un vaste jardin bien entretenu au bout duquel une forêt prenait naissance.

Marius était un bourgeois aisé que ses parents avaient marié avec  Léonore, la fille de leurs meilleurs amis et avaient ainsi réuni un beau territoire riche. Leur vie était paisible et sans histoire.

Ils avaient un fils, Léonard que tout le monde aimait : les domestiques et les paysans surtout, avec qui il passait beaucoup de temps en tout simplicité. La famille était plus réservée.

Car Léonard, comme on le disait à cette époque était un esprit simple. Léonard était rêveur et trouvait dans son environnement bucolique un univers proche du sien. Il était de ceux qui ne sortent jamais de l’enfance même arrivés à un âge adulte.

C’était le seul désappointement de Marius : n’avoir qu’un fils qui fut si peu mature à l’âge de 20 ans. Et pourtant, il l’aimait ce fils arrivé tard dans sa vie.

Grand, élancé, bien sculpté, des cheveux noirs bouclés, il était beau et son air ingénu séduisait les femmes, paysannes ou bourgeoises établies.

En ce matin de juin, une légère brume se répandait sur la pelouse et notre famille déjeunait paisiblement bien au chaud. En observant son fils, Marius soupira. Le temps était venu de prendre une décision. Léonard devait se marier et commencer à apprendre à succéder à son père. Mais comment s’y prendre ? Marius soupira de nouveau. Il sortit sa montre à gousset, la consulta et oublia l’heure tout de suite. Il fallait se lancer.

Mais par où commencer ?

Soudain exaspéré, il prit une décision : il reporta au soir la discussion, termina son petit déjeuner, et quand enfin chacun fut prêt à commencer sa journée, il se leva donnant le signal.

Avant de se rendre à son imprimerie, il se dirigea vers son bureau, verrouilla la porte et fit face à son coffre-fort. L’idée de l’ouvrir et d’y découvrir ce qu’il contenait lui redonna du courage, car là se trouvait la solution…

Pendant que son mari s’entretenait avec lui-même, tout en cheminant dans la roseraie où l’air embaumait, Léonore réfléchissait. Elle savait que Marius ne se déciderait jamais à parler à Léonard.

C’était son devoir de mère, elle résolut donc d’aller parler à son fils.

Celui-ci se trouvait dans la serre. Un tablier noué autour de la taille, un sécateur dans une main, de la terre dans les cheveux, il auscultait une plante grasse envahie par des cochenilles. Il chantonnait et sursauta à l’appel de sa mère.

Elle lui demanda de s’asseoir. Ce qu’il fit docilement sur le premier tabouret qu’il trouva. Il se mit en position d’écoute. Elle lui expliqua tout.

Il pencha la tête vers la gauche et son regard se perdit dans le vol d’un papillon vers un buddleia. Léonard soupira. Il n’écoutait pas. Léonore le rappela à l’ordre et lui promit :

  • Je te jure de te trouver une jeune fille digne de toi. As-tu un souhait particulier ?

Il pencha la tête à droite pour observer l’ascension d’une araignée dans sa toile et répondit dans un sourire :

  • Je souhaite qu’elle aime les araignées et les pies.

Léonore essuya une larme et avant qu’il  parte, alla retrouver  Marius dont elle savait qu’il ressentait un immense chagrin d’avoir engendré un fils faible d’esprit.

Les jours passèrent, l’été s’installa et un jour, enfin, une jeune fille fut trouvée qui combla les espérances des parents. Elle s’appelait Sidonie, venait d’une famille fortunée. Elle s’amouracha de Léonard dès qu’elle le vit, lui si beau et elle si laide qui boitait. Le montant de sa dot n’avait jamais réussi à persuader les éventuels prétendants appelés par ses parents et qui avaient repoussé une épouse si peu représentative des canons de la beauté de l’époque. Petite, maigre, les cheveux tirés sur sa nuque dans un chignon austère. Les jeunes n’avaient même pas remarqué la joliesse de ses traits fins et la beauté de ses yeux. Sa timidité avait fini de les déconcerter et ils avaient fui.

C’était dommage pour eux, Sidonie était intelligente, sociable et possédait toutes les vertus de patience pour faire une compagne agréable.

Lettrée et curieuse, elle ne fut pas rebutée comme certaines, de l’air songeur de Léonard qui la contemplait intensément sans cesser de lui sourire.

Les parents, réconfortés par des attitudes qui donnèrent de l’espérance, respirèrent et devinrent les meilleurs amis du monde.

Le mariage se fit sans trop de tralalas. Les parents et les familles poussèrent un soupir de soulagement quand les jeunes gens eurent enfin dit « Oui » scellant leur union pour la vie devant Dieu et Monsieur Le Maire qui comme chacun sait, sont des valeurs sûres.

Un repas gargantuesque fut offert à la famille, aux amis fidèles, aux domestiques heureux et aux paysans joyeux pour concrétiser le futur bonheur des jeunes mariés.

Quand tout le monde fut rentré chez soi, Léonore pria le bon Dieu de faire venir  des petits enfants, qu’ils grandissent en bonne santé et vite afin d’aider leurs parents dans les terribles épreuves que la vie allait sûrement leur réserver.

Marius entra dans son bureau, verrouilla la porte et fit face à son coffre-fort qu’il ouvrit tout doucement et respira légèrement son contenu…

Au manoir, la vie coulait doucement et chacun avait pris ses marques. Si au début de son mariage Léonard fut surpris de dormir avec Sidonie, il s’y habitua très bien. Ainsi, chaque soir dès qu’il la savait prête pour aller dormir, il la suivait et puis s’installait dans le grand lit et attendait patiemment qu’elle le rejoignit. Puis, après un bâillement, il lui baisait la joue, se tournait et s’endormait.

Au début, Sidonie fut perplexe. Elle avait entendu parler les paysannes et les amies de sa mère de choses étranges qui se passaient dans le lit conjugal. Certaines en riait et d’autres en pleuraient. Le temps passant, Sidonie se dit que c’était vraiment faire beaucoup de tapage pour quelque chose de si anodin. Partager le lit de son époux ou de son épouse n’était quand même pas si douloureux que d’aucunes prétendaient. Cependant, quelque chose clochait. Elle en était sûre. Ainsi donc se déroula la vie pendant plusieurs mois, et puis un matin, on attendit vainement Marius au petit-déjeuner.

Davantage impatientée qu’inquiète, Léonore envoya Alix, le majordome afin de connaitre la raison qui retardait ainsi Marius.

Alix redescendit précipitamment  et pompeusement annonça à Madame que « Monsieur n’était pas bien, mais pas bien du tout. »

Léonore fit appeler le médecin. Celui confirma que « Monsieur » était tout simplement mort, dans son sommeil, sûrement.

C’est ainsi que Léonard devint maitre du manoir et de l’imprimerie et par conséquent du coffre-fort.

Sidonie prit les choses en main et souffla à son mari bien aimé tout ce qu’il fallait faire. Il oublia tout et se réfugia dans la serre. Un soir, il lui offrit, un grand sourire éclairant son visage, une belle rose.

  • C’est un cadeau dit-il et il l’embrassa sur la joue.

Sidonie s’installa dans le bureau et remplaça Marius qui l’avait si bien accueillie.

En femme honnête et reconnaissante, elle assuma, à partir de ce jour à tout ce que son mari ne pouvait pas pourvoir. Avec succès et fidélité.

Un jour qu’elle entrait dans le bureau, elle constata que le coffre-fort avait disparu.

Sidonie avait passé du temps à organiser la gestion de l’imprimerie et n’avait pas eu l’occasion d’ouvrir le coffre-fort. Quand elle constata sa disparition, elle se souvint que le comptable n’en avait pas parlé non plus. Elle chercha la clé. En vain. Comment cela avait-il pu se produire ? Interroger Léonard ne servirait à rien. Elle questionna Léonore, qui tenue loin des affaires de l’entreprise ne put lui répondre.

Elle fit venir le comptable qui confirma ne pas savoir où était la clé ni l’utilité du coffre-fort.

Sidonie décida de fouiller le manoir de fond en comble. Avec l’aide d’Alix, elle visita les caves, les greniers, les granges, les soupentes, les fenils, la charrèterie, la cuisine, l’ancienne nursery et tous les endroits inoccupés. Sans succès.

Un matin, elle se décida à interroger Léonard :

  • Sais-tu que le coffre-fort a disparu ? Demanda-t-elle doucement,

Sa serviette nouée autour du cou, le cheveu ébouriffé, Léonard s’apprêtait à mordre dans une tartine quand il répondit catégoriquement:

  • Non.

La réponse était sans surprise. Sidonie soupira. Elle allait devoir appeler la maréchaussée.

Elle se donna encore une journée, revisita les lieux déjà fouillés et d’autres, improbables dans le parc sans retrouver le coffre-fort.

Alors qu’elle regagnait le manoir, elle entra dans la serre où Léonard nettoyait soigneusement les géraniums. Elle se promenait dans les allées étroites quand au bout de l’une d’elle, elle aperçut le coffre fort, posé sur une petite estrade en brique.

Elle suffoqua d’irritation : toutes ces heures à chercher, alors que Léonard savait où était le coffre-fort.

Elle sentit des mains sur ses épaules et Léonard lui souffla à l’oreille :

  • Non, il n’a pas disparu. Il est près de moi, et tu as raison de t’inquiéter car son contenu est très précieux. Viens.

Il la prit par la main, ouvrit la première porte, composa le code et entrebâilla la seconde. Il lui dit de s’approcher :

  • Ferme les yeux et respire, ajouta-t-il

Ce qu’elle fit : une odeur douce, fruitée et généreuse se répandit dans ses narines et un grand plaisir l’aspira tout entière :

  • Mais, qu’est ce que c’est ? Demanda-t-elle, étonnée
  • C’est un parfum : mon père a aimé une femme qu’il n’a pas pu épouser, elle lui a laissé son parfum qu’il a enfermé dans ce coffre pour ne jamais s’en séparer. Les bons souvenirs sont un bien précieux, bien plus que ce que les hommes peuvent imaginer. Ces moments irremplaçables font de nous ce que nous sommes et ce que nous transmettons.

Maintenant, à nous d’en faire autant…

 

 

 

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