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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Le Potager

Le Potager

Un nouveau villageois fraichement retraité

Se piqua de faire un potager.

Il acheta maints livres et magazines

 Beaucoup d’outils et des machines.

Il avait quitté sa campagne natale

Depuis sa jeunesse, et tout oublié à la capitale.

Convaincu que  tout  est possible, habitué au confort de la ville,

Il se mit à l’ouvrage et paria que se serait facile.

Il fit des promesses à son entourage

Tel un jardinier féru, d’un bel étalage.

Un hasard lui fit rencontrer  un paysan au fait,

Qui depuis belle-lurette  jardinait.

Il dut réapprendre ce qu’il avait oublié

Dans sa hâte de vivre, et tout recommencer.

  • Le potager est une belle entreprise, lui dit le paysan

Qui va te prendre tout ton temps

De février à novembre,

Tu n’auras pas de répit, il faut t’y attendre.

  • Croyez-vous ? répondit l’apprenti

Qui écouta, distrait, sûr de ses lectures et de ses outils,

  • Avec toutes  mes machines,

Pas besoin que je m’échine !

Le paysan rit sous sa moustache

Et le mit à la tâche :

Pas une saison  sans binage, bêchage ou arrosage,

Pas une saison  sans ramassage, arrosage ou nettoyage,

Pas  une saison  sans arrosage,  ratissage, ou buttage,

Pas une saison sans arrachage, arrosage ou sarclage.

Puis arriva, radieux  le mois d’août,

C’est là que l’apprenti eut des doutes.

Quand le vieux jardinier assena le coup de grâce :

  • C’est le temps des récoltes, dit-il en préface

Pas de vacances ! Préparons les paniers,

  • Quoi, point de repos ! s’écria le nouveau jardinier

Tant de jours travaillés et de sueur !

Tant d’efforts et pas de faveur !

  • Le jardin te récompense, que demander de plus ?

Pour  te remplir la panse, tu es comme Crésus,

  • Et à Noël, point d’asperges ni de fraises ! s’indigna le retraité

Alors dans une colère bien juste et méritée,

Le vieux jardinier s’insurgea et  déclara sans ambiguïté :

  • Telle est la loi de la nature, qu’il ne faut pas contrarier.

     C’est bien ça de lire les emballages

     Qui vous font croire que les étalages

     Se pourvoient  seuls et des hommes nécessitent peu d’efforts.

     Vous pensez que la nature est un coffre-fort.

     Vous utilisez l’argent comme une clé

     Sans sourciller, pour la nature piller.

     Quand vous aurez laissé la Terre

     Brûlant sous le soleil, nue comme un ver,

     Et que seul votre argent somnifère

     Sera devenu roi de l’enfer,

     Alors, vous pourrez essayer de goûter

    Les fraises en juin souhaitées.

    Elles n’existeront plus,

    Tant vous vous serez des ressources repus.

    Seul votre argent restera

    Pour combler votre estomac.

    Avec lui, vous aurez beau crier en l’air,

    Plus de fraises, tomates ou courgettes  en hiver,

    A volonté, tant vous aurez sacrifié  le labeur

    Pour brûler la chandelle  à un ultime bonheur,

    Afin de mieux profiter de tout

    Sans vous courber et sans abimer vos genoux.

 

Ainsi donc va le progrès qui nourrit les hommes d’exigence,

Leur ferme les yeux et les pourvoit d’inconscience,

Les rend vaniteux au point d’oublier d’où ils viennent,

Et   leurs ancêtres qui  avaient appris à semer les graines.

 

 

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H
Alors là ! Tout en rimes, je dis bravo !!!<br /> <br /> Amicalement, Michel
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