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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Gamelien

Episode 4

Episode 4

 

Si vous suivez attentivement cette histoire, vous savez que la « maladie » qui avait atteint le village briard de La Parenthèse en Brie, avait repris de la vigueur.

Les habitants, sans être massivement touchés avaient suivi avec intérêt la manière dont cela se déroulait.

Aussi, dans les foyers, de grandes conversations animaient les soirées et des interdictions fusaient. Désormais, pour certains, mieux valait regarder la télévision ou faire des promenades plutôt que se rendre à la librairie.

C’est pourquoi, à la boulangerie, chez Gamelien et Ludovie, on avait pris des mesures.

Gamelien, fort de sa ruse, menait sa femme Ludovie et ses enfants à la baguette.  Une mère devait montrer l’exemple à ses enfants. Ceux là, étaient autant replets que leur père et mère et Gamelien  veillerait à ce que cela continue. D’abord, il avait éradiqué de la maison tout papier écrit qui ne servait pas à autre chose qu’à envelopper le pain et qui ne servait pas à l’école. Chaque soir, après les devoirs, Gamélie sa fille et Ludovic son fils se voyaient confisquer leur cartable mis sous clé. La nuit est faite pour dormir et pas pour lire.

Puis, un soir, il était allé rôder du côté de la librairie, encore ouverte.

Justement, Virgile allait baisser le rideau quand il vit Gamelien, les mains dans les poches de son pantalon de boulanger, le ventre en avant, la peau pâle et le nez en l’air.

  • Bonsoir Gamelien, vous prenez l’air ?
  • C’est ça répondit Gamelien en caressant son double menton, prêt à affronter l’adversité.
  • Vous voulez un livre ? Je peux encore vous servir. Je ne suis pas pressé proposa Virgile.

Gamelien était indécis. Jusqu’à aujourd’hui, la « maladie » n’avait atteint que les femmes et Virgile, grand et costaud, n’avait rien d’un squelettique. Fort de son assurance, Gamelien accepta et entra d’un pas ferme dans la librairie.

D’abord, il n’en crut pas ses yeux, jamais de sa vie, il n’avait vu autant de livres au même endroit.

  • Comment fait-on pour lire autant de livres ? Demanda t-il et sans attendre la réponse enchaina : ça doit user les yeux !
  • Ah Gamelien, la lecture est une aventure et si j’osais, je dirais un miracle : rencontrer les mots des autres et vivre des histoires passionnantes, des vraies ou inventées et de toute nature ! Virgile souriait et écartait les bras en admirant ses étagères.

Les deux hommes s’entretinrent un moment. Virgile n’hésita pas à lui faire visiter sa boutique et sa réserve tout en parlant littérature. Gamelien se sentait étrangement bien et ne résista pas quand Virgile sortit un bocal de cerises à l’eau de vie qu’ils vidèrent tout en devisant.

Quand il sortit de la librairie, Gamelien était rouge de bonheur. Il ne se vanta pas de sa sortie à Ludovie qui le vit revenir titubant. Elle oublia tout lorsque blottis au fond du lit, il l’honora comme il ne l’avait jamais fait.

La bonne humeur remplaça donc la suspicion à la boulangerie et les interdictions volèrent en éclat du jour au lendemain.

Ludovie se dit que cette « maladie » était quand même bizarre qui n’attaquait que les femmes. De plus, quand elle servait les « victimes » à la boutique, elle se disait que les gens exagéraient quand même. Ces femmes étaient belles, rajeunies, élégantes et affables.

Un matin, Othélie l’épicière entra en soufflant et commanda sa baguette comme chaque jour. On entendait Gamelien siffler dans l’arrière boutique et Othélie sourit.

  • Il est gai comme un pinson notre Gamelien, dit-elle en saisissant sa baguette
  • Oui, répondit Ludovie, je préfère ça, parce que il n’y a pas si longtemps, il était à cran avec la maladie. Mais tout va mieux,
  • Et comment ça se fait ? s’étonna Othélie
  • Je sais pas, c’est depuis qu’il va se promener tous les soirs après dîner.
  • Ah bon, faudrait que j’en fasse autant, répondit Othélie et il va où se promener ?
  • Le long du Petit Morin, mais avant, il s’arrête dans le parc municipal,
  • Ah oui, fit Othélie, alors, il passe devant la librairie,
  • … Oui, sûrement répondit Ludovie soudain étonnée.

Othélie remercia et partit le sourire aux lèvres.

Quand Gamelien vint se coucher ce soir là, en se pelotonnant contre lui, Ludovie en était sûre, Gamelien s’arrêtait tous les soirs à la librairie car ses poignées d’amour n’étaient plus si épaisses, ainsi donc, la maladie n’était pas misogyne, mais était-ce vraiment une maladie ? Elle s’endormit en souriant…

A suivre...

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N
J'adore rencontrer tes mots Catherine !<br /> Il faudrait bien que je le rencontre ce Virgile...j'ai quelques kilos à perdre.
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