Fantaisies vieillissantes

13/05/2023 11:03

Assis sur leur banc, au milieu du village, Adime et Aldescende observaient les alentours. Ils avaient une vue sur la vallée qui les ravissait depuis des années qu’ils s’installaient là sous un chêne centenaire.

D’où ils étaient ils admiraient en contrebas de belles vignes touffues et pourvues de beaux fruits. Ils observaient aussi d’un œil attentif tous les villageois qui vaquaient à leurs occupations. Depuis longtemps, ils faisaient partie du paysage et personne n’aurait osé leur demander ce qu’ils regardaient.

Vêtus tous les deux d’un long manteau et d’un chapeau, le menton sur sa canne pour Aldescende et le nez dans le menton pour Adime, ils usaient des heures à occuper leur vieillesse, se rassasiant des beautés de leur campagne natale.

Les touristes se demandaient souvent comment on pouvait rester ainsi des heures à ne rien faire, eux qui couraient partout, en chapeau et bermuda, équipés d’appareils photo pour comme ils disaient « immortaliser » leurs plus beaux souvenirs.

Souvent, quand Adime les voyait arriver, son regard se réveillait et l’on savait que l’ironie de la situation allait se révéler. Assis en face à la terrasse du bistrot, les villageois se délectaient des scènes qui se jouaient.

Si Aldescende et Adime étaient « des figures pittoresques », les touristes ne l’étaient pas moins. C’était souvent l’histoire de l’arroseur arrosé.

C’est ainsi qu’un jour, un jeune freluquet s’était adressé aux deux vieillards comme s’ils étaient séniles ou ivres. Ses acolytes, se tapant sur les épaules en s’esclaffant, attendaient le moment où les vieux s’offusqueraient dans leur patois des incivilités dont ils étaient victimes. S’attaquant à Aldescende qu’ils croyaient plus fragile, ils eurent la surprise de voir leur ami retourné comme une crêpe, aplati sur le ventre au pied du banc, la canne épée sur son cou grassouillet. Adime saisit le jeune homme au collet, le remit debout et le souffleta d’un aller et retour que même ses parents n’avaient jamais dû lui asséner.

Pantelant et titubant, il rejoignit ses amis qui calmés, prirent leurs jambes à leur cou pour déguerpir. Ils comprirent alors le sens de la pancarte fixée au-dessous du nom du village qui les avait bien fait rire :

« Attention ici à « La Baffe », papy et mamy boomer dangereux : ne pas contrarier, sous l’herbe, les pavés : soixante-huitards à l’affût ! »

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Consigne d'écriture: Fantaisie de personnages

Nous allons inventer deux personnages qui porteront les prénoms suivants : Aldescende et Adime. Ce sont deux anciens prénoms oubliés. En nous fiant à la résonance ou à notre imagination, c’est nous qui déterminerons s’il s’agit de deux hommes, de deux femmes ou d’un homme et d’une femme. Ces personnages retentiront de particularités que nous allons leur attribuer soit par un texte descriptif, soit par une histoire ou les deux.