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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Aladin et la bougie magique

Aladin et la bougie magique

C’était un soir du mois de mai. Lucie avait vécu un agréable moment avec ses amies et visité les brocantes des alentours toute la journée. En fin de journée, elles s’étaient toutes installées au Café de la gare, leur lieu de rencontre. Elles avaient dégusté un dîner qu’Albert, le cuisinier avait concocté La musique bruissait en fond et l’air était saturé d’odeurs diverses.

Elles étaient quelques filles, toutes célibataires qui se retrouvaient en toute liberté et riaient souvent de leurs histoires. Elles se racontaient leurs aventures galantes et se moquaient d’elles gentiment.

Elle rentra chez elle à la nuit tombée. Une chaleur douce régnait dans la maison. La belle saison était arrivée annonciatrice de douceur et de belles journées.

Elle s’installait sur son divan, une tasse d’infusion à la main avant d’aller dormir quand la lumière s’éteignit brusquement. Étonnée, elle renversa sa tasse.

  • Encore ! S’écria-t-elle, mais ça ne finira donc jamais !

Cela faisait un moment que l’électricité s’arrêtait brutalement dans le quartier. Elle se leva, les bras en avant et se dirigea vers un meuble bas où elle avait stocké des bougies et des allumettes. Elle en alluma une et la noirceur des ténèbres environnantes s’accentua. Elle alluma d’autres bougies qui maintinrent l’air lugubre du salon. Elle regarda autour d’elle afin de mieux se localiser, mais l’environnement avait changé. Les coins restaient sombres et mystérieux, voire dangereux dans son imagination sans bornes. Elle se dirigea vers la fenêtre qui donnait sur la terrasse où l’horizon était noir comme de l’encre. Un silence régnait qu’elle n’avait jamais ressenti et qui lui vrillait les oreilles tellement il était dense. Elle vit en hauteur quelques lueurs briller : une fois encore, l’incident avait lieu dans le quartier. Elle se retournait quand elle entendit un grattement sur la vitre. Soudain, elle s’effraya : qu’est que c’était que ce bruit ? Dans le lourd silence de la nuit, elle ressentait le moindre son comme un danger. Elle tremblait de tous ses membres. Mais elle devait savoir : c’était dans sa nature. Lentement, elle fit volte-face et s’avança vers la vitre noyée dans la nuit.

Instinctivement, elle se baissa et de retrouva à genoux, s’avançant  vers le lieu ou le grattement continuait à bruire.

Elle mit son nez sur la vitre et recula d’un bond. Son cœur battait d’effroi : là, derrière le carreau, un homme dans la même attitude qu’elle regardait à l’intérieur. Elle hurla.

A ce moment, il se redressa et il se mit debout. Elle l’entendit :

  • Lucie, c’est moi Lucas, ton voisin, je cherche Aladin. Tous les soirs, il vient visiter ta terrasse et il rentre, mais ce soir, je ne le vois …

Elle se boucha les oreilles. Elle voulait retrouver son calme. Ce n’était que ça, un voisin qui cherchait son chat !

 Quelques minutes s’écoulèrent, elle décida d’ouvrir le battant et  laissa Lucas entrer dans le salon. Il était navré de la situation. Soudain, elle réalisa qu’elle avait quelqu’un à côté d’elle et cela la réconforta. Elle connaissait Lucas : ils s’étaient déjà rendus des services et voisinaient en bonne entente.

Il était gentil, Lucas. Gauche et timide. C’était un taiseux, comme disaient les gens du cru. Elle ne lui trouvait aucun intérêt. Ses discussions étaient fades. Et cet amour irraisonné envers son chat était ridicule !

Elle avait bien remarqué les traces de l’animal sur sa terrasse et lui avait installé une vieille couverture afin qu’il y dorme et ainsi éviter  qu’il entre dans la maison. Il devait fuir son maitre très collant. Là, elle concevait l’attitude du chat.

  • As-tu seulement imaginé les risques que tu as frôlés à traverser le jardin dans cette obscurité ? dit-elle à Lucas avec fureur,
  • Oui … Mais ma bougie s’est éteinte, j’étais loin de ma maison et j’arrivais à ta terrasse,
  • Ta bougie, s’étonna t-elle, tu as voulu traverser le jardin avec une bougie ?
  • Oui…
  • Ton chat va revenir, continua t-elle, les chats voient la nuit,
  • Oui…
  • C’est tout ce que tu as à me dire ?
  • Oui… Euh, non : c’est à chaque fois qu’il y a un incident avec l’électricité qu’il se sauve.

Cet homme est zinzin, se dit-elle De toute façon, tous les amoureux des chats sont zinzins.

  • Mais il revient toujours ?
  • Oui… Quand la lumière revient, le matin.
  • Alors attends qu’il rentre. Toi aussi tu devrais rentrer. Il est tard.

Lucas lui dit au-revoir. Elle lui fournit de quoi s’éclairer, il  sortit et elle alla se coucher. Enfin !

Elle eut le geste d’éteindre la lumière et s’insurgea. On vivait un sale moment : les gens tombaient fous au moindre signe d’inconfort. Elle aussi.

Le lendemain, elle raconta son aventure à ses amies. Elles rirent toutes de sa tête à l’évocation du voisin traversant le jardin avec sa bougie.

Chloé demanda :

  • Et Aladin, il est revenu ?
  • Je n’en sais rien dit-elle énervée,
  • Moi, dit Chloé, ce qui m’aurait énervée, c’est la bougie qui s’éteint.

Lucie la regarda en biais :

  • C'est-à-dire ? Questionna t-elle en se s’inclinant en avant ; éclaire-moi,
  • C’est le signe qu’elle était allumée avant et en général, on n’aime guère qu’elle s’éteigne.

Chloé raisonnait souvent dans l’absurde, ce qui énervait Lucie, celle-ci aimant les discours directs.

Elle décida de laisser son amie discourir.

Elle rentra chez elle, et quand la nuit tomba, elle attendit. Elle guettait  Aladin sur la terrasse, mais en vain.

Trois jours s’écoulèrent et elle décida d’en avoir le cœur net. Elle se rendit chez Lucas. Il lui ouvrit avec un grand sourire franc comme s’il l’attendait. Elle le salua et lui demanda :

  • As-tu retrouvé Aladin ?

Et comme d’habitude, elle dut insister afin de connaitre les détails :

  • Oui…
  • Où est-il ?
  • Cela fait trois jours qu’il dort sur le buffet de la cuisine. Il est écrasé de fatigue.
  • Ah, bon ?!
  • Oui… Ses nuits sont terribles en ce moment.

Rassurée, elle rentra chez elle. Les vacances arrivèrent bientôt et Aladin renoua avec ses balades nocturnes, tantôt chez Lucas et tantôt chez Lucie. Son lieu de vie chez cette dernière s’étant amélioré, elle le voyait souvent. Elle lui avait acheté une cabane, munie d’un matelas et de couvertures où, bien à l’abri des tourmentes climatiques, il  dormait à sa guise.

Toutes ses amies étaient en vacances loin d’ici et elle ressentait sa solitude comme jamais. Souvent, elle observait le chat endormi et cela l’émouvait :

  • C’est ridicule ! éclata-elle un jour.

Le soir où de nouveau l’électricité sauta, elle se dirigea tout de suite chez Lucas. D’abord, elle vit les bougies qui jetaient leur faible lumière à travers les vitres du salon : semées dans tout le lieu, elles transformaient la vision de la nuit. Lucas était assis sur son divan, feuilletant un livre, l’air ailleurs. Aladin, assis sur l’accoudoir d’un fauteuil faisait sa toilette. Une bougie éclairait l’animal et la beauté de ses attitudes.

Le regard  de Lucie se tourna vers le jeune homme, toujours aussi calme et une sérénité intérieure la gagna qu’elle n’avait jamais ressentie jusque là, tellement sa vie était mouvementée.

Elle vit le chat sauter du fauteuil et demander à sortir. Lucas se leva, caressa l’animal et le laissa vivre sa vie dehors, malgré l’angoisse  d’ignorer  quand il allait rentrer. Cet homme, songea t-elle est un mystère.

 Mais un mystère, là juste à côté. Le chat était sorti, humant l’air de la nuit avant de s’avancer dans l’ombre avec maintes réserves, enfin, il s’était dirigé vers elle ; il se frotta à ses jambes en ronronnant ; fit des détours autour d’elle s’en jamais s’éloigner, et revint vers le salon illuminé en miaulant doucement à son intention. Elle le suivit et comme d’habitude, Lucas la reçut avec son sourire charmant. Le chat sauta sur le fauteuil qu’il avait délaissé tout à l’heure : il regarda la bougie qui illuminait ses yeux et dirigea son regard vers Lucie et Lucas et ronronna de bonheur : ses deux amis étaient enfin réunis là où il voulait qu’il soit : avec lui.

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Consigne d'écriture: écrire un texte sur un moment sans électricité sans utiliser de mots contenant la lettre "P".

 

 

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N
Ah les chats… On dit toujours qu'on leur appartient. Celui-ci est arrivé à ses fins. Il a même réussi à l'union de deux humains, à l'amorce d'une histoire sentimentale! Grâce à son super pouvoir de voir dans le noir, sans bougies lui. Le nom d'Aladin est très bien trouvé, allusion à la lumière avec une touche de magie pour l'histoire. En lisant le texte, j'ai oublié la consigne du non P. La relecture m'a confirmé qu'elle a été réalisé!
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L
Histoire sans grande conclusion. Je m'attendais comme d'habitude à un histoire d'amour: elle est là via Aladin qui sait montrer qui il aime. Cette histoire est apaisante même si un peu de tension, si je peux me permettre, compte tenu de la "consigne", est décrite au début. La scène où Lucie se met à genoux est particulièrement bien décrite.Et pas un seul P!
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