5 Juin 2023
Un éboueur fatigué de son travail harassant,
Depuis des années, levé à l’aube travaillait péniblement,
Écœuré par tant de désagréments, il demanda que sa retraite lui fût attribuée.
Tu devrais être heureux d’avoir un labeur
Qui fait de toi un fier travailleur !
Peu de gens se soucient de ma condition tant que je ramasse avec ponctualité.
Stupéfait, l’éboueur cria et lança des jurons.
Dans la rue, la colère montait du peuple grognard,
A cause de la réforme qu’on voulait voter sans retard.
Le peuple hurla et vota la grève en écho.
L’éboueur déjà échauffé cessa son travail illico.
Alors, dans la ville lumière où il exerçait,
Jour après jour, comme des montagnes, les détritus s’amoncelaient.
Devant les restaurants, les pharmacies, les appartements et les touristes.
On s’indigna de tant de désinvolture gréviste.
Tant pour la vue, les odeurs et les apparences,
Tant pis si les ramasseurs reçoivent les effluves en récompense.
On interpella les élus qui laissaient faire et on pria les éboueurs,
De respecter les honnêtes gens et de reprendre le labeur.
Pourtant, chacun continua, qui n’était pas en grève de consommation,
A entasser ses déchets, car, disait-on, il n’y avait pas d’autre solution.
Et donc, à défaut d’arrêter de produire des ordures,
On y alla de contester son confort bafoué, pour qu’il dure,
Au détriment de l’éboueur qui use ses forces dans des manœuvres écœurantes
Engendrées par les restes d’une consommation démente.
Qu’importe que le geste pollueur empoisonne la planète
Pourvu que l’éboueur, à cela destiné, fasse place nette.
Qu’importe que l’homme au cul de la benne soit maltraité,
Puisque dès potron-minet les ordures sont ôtées à la vue et au nez !
Ainsi donc, dans notre belle société évoluée,
Chacun est d’accord pour contester,
A condition que son confort soit respecté,
Et que rien ne vienne le déranger, à part les idées.