Si j'étais journaliste...

En général, quand on est journaliste, on s’intéresse au monde qui nous entoure. On l’observe sous tous ses angles, en long, en large, en travers, d’en haut, d’en bas. On est à l’affût du moindre indice qui va faire réagir les foules.

Souvent celles-ci réagissent : bien, mal, s’indiffèrent, râlent, crient. Parce que les foules sont comme les journalistes et que le monde qui les entoure les interpelle.

Pourtant, il est une catégorie de « foule » dont j’aimerais bien connaitre leur  vision du monde.

Si j’étais journaliste, je demanderais à ceux qui marchent la tête enfoncée dans les épaules, le regard plongé sur leurs pieds, comment ils voient le monde vu de leurs pieds…

Bon, je sais, dans notre société moderne, mieux vaut regarder où l’on pose ses semelles depuis que la mode autorise les propriétaires de chiens à prendre les trottoirs pour des  toilettes et que les conteneurs à déchets s’alignent près de la chaussée, couvercles nauséabonds entrouverts prêts à vous sauter aux narines.

Seulement voilà, même à la campagne où tout le monde se réfugie en ce moment, les pieds des néo-ruraux ont un intérêt mystérieux. Que peuvent raconter à ces esprits très pris ces organes du bout du corps. Pourquoi les ont-ils tant à l’œil ?

Quel réseau inconnu les relie à leurs pieds ?

Pour comprendre, je l’ai fait : j’ai chaussé mes godillots de promenade, j’ai enfilé un manteau à grandes poches, j’y ai placé mes mains recroquevillées et je suis sortie, le nez se promenant à ras du sol. Si j’ai effectivement évité quelques glissades malodorantes, j’ai rencontré des panneaux de signalisation, évités au dernier moment qui m’ont rappelée à l’ordre pour retrouver mes repères mais je n’ai rien vu au sol de bien intéressant.

J’en ai donc déduit que tout se passe, non pas dans les pieds mais autour. Je suis donc sur la bonne voie.

 Si j’étais journaliste, je prendrais le temps de suivre ce chemin et d’explorer cette piste. Si les pieds ont tant de choses à raconter à leurs propriétaires, c’est que sûrement le sujet est inconnu et plutôt que d’explorer des chemins battus  où les idées ressassées et répétées à l’envi tintent comme une ritournelle, j’irais voir pourquoi  il est si difficile de regarder autour de soi…

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Consigne d'écriture:  Qu'écririez vous si vous étiez journaliste?