Il était une fois un petit village

03/08/2020 18:16

Nanteuil sur Marne

C’est un tout petit village situé aux confins de la Seine et Marne, tout près de l’Aisne. Peu de personnes le connaissent.

Un article de journal raconte sur une page son histoire et sa géographie.

Moi, je connais l’histoire de ses habitants et la géographie de ses ruelles, de ses bosquets, de ses jardins, de ses vignes où enfant j’usais mes semelles et choisissais les sentiers pour mes amours adolescentes, sans me préoccuper de l’Est ou de l’Ouest.

Mon grand-père, arrivé avant la dernière guerre mondiale est enterré dans le cimetière communal. Comme une bonne partie de ma famille.

Je le connais par cœur, allée après allée, tombe par tombe.

Ce petit village, donc, cite l’article : « N’a pas d’extension possible : même la cour de l’école et le cimetière sont compris dans la zone AOC Champagne » !

Si vous saviez comme cette remarque me fait plaisir !

Non pas que je ne souhaite pas son accroissement, mais quand on sait ce qu’on construit aujourd’hui, mieux vaut lui épargner cela !

Je préfère le voir noyé dans une marée de vignes. Cet horizon vert, à perte de vue lui convient mieux que des « HLM horizontaux ».

Mais, j’ai une autre raison. Mon grand-père grand amateur d’eau de vie, de cidre et de vin était un petit vigneron comme beaucoup d’habitants du petit village. Il serait heureux de savoir qu’il dort pour l’éternité au milieu de ses chers ceps. Désormais classés.

Je ne vous parlerai pas de leur qualité à ce niveau de coteau même exposé plein Sud. Je ne suis pas assez experte et ce ne serait pas bien vu par les vignerons que je préfère croiser lors de mes pérégrinations généalogiques plutôt que des rangées de maisons dortoirs où l’on perd le sens de l’orientation.

Comme quoi, il n’y a pas que le champagne qui fait perdre le Nord.

Revenons à mon grand-père.

Quand il avait creusé le caveau de famille, il avait pris soin d’y déposer une bouteille pour accueillir le premier locataire de cette dernière demeure. Il avait prévu que ce serait lui. Pour une fois, le destin ne le contraria pas.

Nous, ses descendants, avons respecté cette tradition familiale et la bouteille repose toujours à l’endroit dédié par notre aïeul.

Nous ne savions pas que le petit village rendrait un jour honneur à notre grand-père en lui octroyant une paix éternelle au-milieu des vignes verdoyantes, propices et invasives.

Je suis sûre qu’il en rit tout seul !

Et lui qui ne posséda rien qu’un petit lopin de vigne repose désormais dans une demeure bien à lui en terre de Champagne.

Il doit être content de savoir que sa petite vigne située à deux pas du cimetière a grossi et continue d’arroser les gosiers…