Toi et Moi

Pas besoin de glace pour te décrire, je ferme les yeux et je te vois. Tu partages ma vie depuis toujours. Je t’ai tant de fois regardé (sans pour autant t’admirer, n’exagérons pas). Je t’ai examiné sous toutes les coutures, je t’ai touché, palpé, soigné et exploré même certaines fois. Je t’ai toujours accepté tel que tu étais, il en est de même aujourd’hui.

Les quelques changements survenus que je note ne sont pas dus seulement aux années qui sont passées, quelques accidents de la vie t’ont transformé aussi. Ces rencontres malencontreuses t’ont apporté quelques altérations, mais je te rassure, elles sont discrètes et n’enlèvent rien à ton charme, bien au contraire elles te rendent unique, remarquable, te personnifie totalement et font de nous un couple parfait.

Une courbe légèrement plus marquée, une ligne droite discrètement brisée et délicatement déportée ne font pas de toi un monstre. Je t’aime tel que tu es.

Je te connais, nous avons muri ensemble et nous avons subi ensemble les aléas de la vie.

Tu es là, tu trônes fier comme Artaban. Repérable comme l’église au milieu de son village bien construit. On ne peut t’ignorer : toute la vie tourne autour de toi.

Tu n’es ni trop majestueux ou volumineux, ni trop chétif ou insignifiant, tu t’imposes pudiquement. Tu es en harmonie avec ce qui t’entoure ; tu es mon parfait binôme, tu m’annonces telle que je suis pour qui sait me lire.

Pas d’insolence en trompette ou à la parisienne, tu ne courbes pas l’échine pour autant, tu ne t’affales pas, tu es droit et bien ancré par ta racine. Tu t’évases doucement en écartant délicatement tes ailes sans prendre trop tes aises. Elles ne claquent pas au vent comme les étendards des Walkyries en raids guerriers. Elles peuvent palpiter furtivement selon les évènements environnants, mais quand la furie en moi se réveille et que tu frémis ostensiblement, on ne peut t’ignorer, tu es bien là !

Tu n’es ni tranchant ou trop long ; ni trop petit ou timoré, tu es bien proportionné... Quoique, à y bien regarder de profil certains diraient peut-être un peu trop présent pour un équilibre parfait… Mais qui cherche la perfection ? Pas moi et sûrement pas toi.

Aller, ne te vexe pas, j’essaie d’être la plus objective possible. Ne te fronce pas de colère ou de mépris, n’agite pas tes ailes et surtout ne renifle pas… Ce n’est vraiment pas élégant.

Rassure-toi, tu me conviens tel que tu es. Tu me vas comme un gant, si pareil à ma personne… Presque parfaite… Juste quelques petits défauts pour ne point attirer le mauvais œil ou la jalousie de certains.

Durant toutes ces années partagées, Mon Cher Ami, nous avons eu des hauts et des bas comme tous les couples. Reconnais que je ne t’ai jamais fait souffrir volontairement, que j’ai su faire taire mon envie de diamant figé dans ton aile pour ne pas t’infliger cette douleur de perçage. Toi tu as su résister et ne point me choquer en te métamorphosant en un hideux appendice.

Sache Mon Précieux Nez, que tu m’es cher et que j’envisage sereinement notre avenir commun.