Le Banc de pierre

Le banc de pierre est là entre le chemin et le champ de maïs. Cette année, un maïs pauvre, déjà jaune, qui présente cependant des épis gonflés. Les années précédentes, nous avons pu voir dans le champ des épis d’orge, de blé, bien dorés, onduler sous le vent.

Le vent, il est le bien - venu en cette saison. Il permet de supporter la chaleur de cette fin d’été, parfois étouffante. Il balaie la poussière sur le chemin.

Le chemin, si nous le suivons, il mène à la rivière. Une jolie rivière sinueuse et poissonneuse. Celle que du côté des guinguettes on surnommait ‘La paresseuse ‘. Elle n’attire plus guère de pêcheurs. En ce siècle, rares sont les personnes qui disposent encore de temps de loisir pour tremper le fil dans l’eau et épier le bouchon qui piquera si un imprudent se laisse prendre à l’appât.

L’appât il n’est plus constitué des sauterelles capturées à la main dans l’herbe des prés qui mènent à la rivière ni des vers de terre récoltés sous les sacs de toile humide au fond du jardin. Ce sont des leurres ou quelques bestioles achetées dans les commerces d’articles de pêche.

La pêche, elle n’est pas miraculeuse. Les mordus qui connaissaient les astuces pour attraper les poissons et faire une bonne friture pour le repas ne sont plus là pour tenir la ligne ni pour apprendre aux plus jeunes qui manquent de motivation ou de temps.

Le temps, il est précieux pour tous. Il faut presser le pas, se dépêcher, courir. Nous en manquons tous quoi que nous fassions et, de toutes façons que nous puissions nous y prendre, il arrive que nous ne soyons pas à l’heure.

L’heure, elle a sonné et sonné maintes fois au clocher de l’église située derrière le banc de pierre. Combien de fois, nous ne saurons le dire depuis qu’il est là, depuis des siècles durant lesquels il a vu passer tant de personnes de tous âges, certaines se sont arrêtées pour y causer, d’autres s’y sont assises pour se reposer, les enfants ont grimpé dessus pour jouer. Il ne peut rien raconter mais il en connaît des histoires certaines drôles, d’autres tristes, voire tragiques … Il sait tout le banc de pierre, toute la vie du village qui lui a été confiée depuis des ans et des ans. Des griffures semblent s’être enfoncées sur ses flancs. Peut-être des amoureux qui s’y sont attardés pour roucouler y ont-ils gravé leurs initiales mais les cœurs, s’il y en avait, se sont effacés. Il est érodé sur un côté. C’est certainement l’œuvre de la pluie qui bat souvent du sud. Un morceau d’anneau de fer brisé sort sur le devant. Est-ce qu’on y attachait un cheval à une époque ancienne ? Peut-être puisque la rivière est toute proche et qu’à l’époque les chevaux tiraient les péniches sur le chemin de halage. Tout ceci n’est que supposition.

Supposition ou réalité, nul ne saura le dire. Le banc de pierre taira à jamais les mystères, les secrets de tous temps qui resteront les siens comme ceux dont il sera le témoin certainement encore pendant de nombreuses années à venir.

                                                                                                                                              Ygrec

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La consigne: utiliser le dernier mot du paragraphe précedent pour commencer un nouveau paragraphe.