1 Août 2022
Il était une fois une jeune et jolie princesse qui se prénommait Bella. Elle n’était point heureuse. Elle se morfondait dans son château de contes de fée, tant il ressemblait au château de le Belle au bois dormant. Pour elle, il n’était pas bien grand et elle en avait vite fait le tour. Malheureusement pour la Damoiselle il lui était impossible de s’évader tant les murs d’enceinte étaient hauts et infranchissables.
De longs et magnifiques voiles arachnéens parent Bella s’élevant et flottant derrière elle quand celle-ci se déplace. La soierie écarlate brille de mille feux au soleil. Des reflets irisés chatoient, rappellent les arcs en ciel qui s’allument sur le baldaquin céleste après la pluie quand le soleil réapparaît.
Bella, notre princesse ne manque de rien, si ce n’est de compagnie et d’espace. Tous les matins ainsi que le midi et le soir elle reçoit une collation : quelques mets délicats qui lui font oublier quelques instants sa solitude et son ennui. Le ménage et l’embellissement des lieux est fait régulièrement ; on ne lui demande aucun effort. Tout est nettoyé et rangé pour qu’elle soit heureuse et à l’aise. De temps en temps même on lui prodigue des cadeaux, surtout pour agrémenter son intérieur et son jardin. Mais notre Damoiselle est triste de ne pouvoir partager tous ses trésors avec quiconque.
Elle flâne entre ses murs et dans son jardin se languissant d’un ailleurs riche en compagnie plaisante.
Comme toutes les princesses des contes de fée, notre Bella a son dragon qui la retient prisonnière. Il vient la voir, il la scrute, souffle sur son château, fouille les allées du jardin et les bosquets d’arbres, à la recherche d’un éventuel visiteur. Elle a si peur de ce monstre, qu’elle se cache le plus souvent au fin fond de sa demeure, l’épiant derrière les fenêtres de celle-ci.
Après ces quelques compliments, comme toujours, il lui tourne le dos et s’en va un peu plus loin s’occuper de ses affaires, la laissant là, seule et désespérée.
Le temps passe et la belle princesse s’étiole ; ses promenades dans son jardin se font plus rares, elle refuse ses repas. L’appétit s’en est allé avec ses espoirs de lendemains plus gais. Sa robe se ternit, ses voiles se font lourds, blêmes et paresseux. L’ennui la tue à petit feu.
Coupable de cet état, le dragon ronchon décide de mettre fin à toute cette histoire sans en éprouver la moindre culpabilité.
« Ma princesse me bat froid,
L’ingrate, elle ne connaît pas sa chance.
Je ne vais pas mourir en désarroi,
Vite fait, d’elle je m’en balance ! »
Dépité, en colère pour le manque de considération que Bella lui manifeste, le tortionnaire choisit de l’occire et de se débarrasser de son corps devenu laid. Il se saisit d’elle qui ose en cet instant s’agiter, refusant cette mort annoncée. Sans un regard, il la jette dans le profond gouffre où l’eau bouillonnante l’emmène loin, très loin de cette horrible prison.
« Ne pleurez pas, Chers lecteurs ! L’histoire n’est point triste, bien au contraire. Sachez qu’après quelques tourments et aventures périlleuses dans des endroits bien étranges, notre princesse Bella est arrivée en un lieu béni. Un éden pour le Voile de Chine, qu’elle est.
Notre Bella, notre poisson rouge, comme dans tous les contes de fée, rencontra son prince charmant et ils eurent beaucoup d’enfants. »