Désert

J'étais arrivé dans le pays par la mer. La traversée avait été longue et mouvementée. Je descendis du bateau, les jambes flageolant encore du roulis. Mon sac sur le dos, je suivis la route principale et m'éloignais du village près du port. Ce soir je dormirai sur les bas côtés, mon sac de couchage me suffirait et mon bagage servirait d'oreiller. Assis sur le duvet, je regardais le ciel s'assombrir, les étoiles s'allumant les unes après les autres. La lune éclairait le paysage et on y voyait presque aussi bien qu'en journée. Il me fallait dormir, demain la route serait longue. La nuit fût paisible enfin presque, car les animaux nocturnes se laissaient aller à leurs cris et autres bruits. Lorsque vint la lueur du jour, je repris le chemin, après avoir croqué un biscuit, arrosé d'un peu d'eau. J'avais de la marche à accomplir jusqu'au terme de mon voyage. J'arriverai probablement en fin de journée, si tout se déroulait normalement.

C’est à l'heure ou tous les chats sont gris, que j'aperçus  mon but à l'horizon. D'abord, je vis une immensité plane où je pouvais me projeter. Le village était tout au centre, comme une place avec une tour au milieu. Je m'en approchais ne sachant s'il serait facile de trouver la personne que je recherchais. Les circonstances de la vie m'avais éloigné souvent de ceux que j'aimais, et là plus que tout. La nuit était tombée depuis un moment, je choisis de déplier mon sac de couchage, sous un arbre le long d'un jardin. Les maisons s'éclairaient une à une, je restais là à les regarder tous vivre comme si de rien n'était.

 Le sommeil me tomba dessus d'un seul coup, avant d'avoir pu me rouler dans ma couverture. Il me fallait au matin trouver les personnes pour lesquelles j'avais fait ce déplacement, car la difficulté serait d'entrer en contact avec eux. C'est au lever du jour que les choses se gâtèrent, un violent coup dans mon dos me réveilla, je n'allais pas rester sans rien faire. Reprenant la position verticale d'un bond, j'attrapais au collet celui qui m'avait réveillé si brutalement. La colère m'avait envahi, je ne pouvais pas laisser passer cela. Deux grands yeux marrons se plantèrent dans les mien, et le gamin se débattit et s'échappa. Je rassemblais mes affaires et m'éloignais afin de trouver ma route.

Les rares passants à qui je demandais mon chemin me répondaient de manière évasive, tant en paroles qu'en gestes désordonnés. La curiosité les tenaillait, ils auraient souhaité en savoir plus. Ma quête devenait difficile, pourtant au détour d’un abri, je crus voir celle que je cherchais. Je m'approchais et elle se tint là sans bouger, sous son assurance perlait le qui-vive. Ses cheveux étaient devenus grisonnants, sa taille s'était voûtée et ses traits accusaient les difficultés de la vie. A première vue, elle me parut austère, mais je découvris qu'elle avait beaucoup de cœur lorsque la commissure de ses lèvres se relevèrent en un franc sourire et que ces yeux s’éclaircirent. Je n'avais pas prévu cela. Elle me dit : « Tu viens le chercher ? »Je hochais la tête affirmativement. De la pointe de son menton, elle me désigna l'enfant qui me tournait le dos, accroupi devant un panier. Quand il releva la tête, le jus du fruit dégoulina de son menton et pour la première fois, il me sourit. Je reconnus les yeux sombres qui m'avaient réveillé plus tôt. Le chemin avait été long mais, enfin j'avais réussi, j'avais retrouvé mon fils.

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Consigne: à l'aide de phrases imposées (en italiques), Martine a écrit ce beau texte dont on attend le dénouement.

Comments

[Yasmine Doukhan]

Jai pris plaisir à accompagner ce personnage jusqu'à ces retrouvailles.