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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Ma gourmandise

Ma gourmandise

Je me suis souvent demandée pourquoi j’aimais tant le printemps. Comme beaucoup de monde, je présume, j’attends chaque année le retour des beaux jours, ces journées qui s’allongent dans une douceur voire une fraîcheur qui me convient bien. Peut-être…

Mais à la fin du printemps apparaissent en même temps qu’une petite chaleur qui les fait mûrir de beaux fruits rouges, ronds et charnus dont la durée de vie est un peu trop courte à mon avis.

Quand je goûte les premières cerises juteuses et dodues, rouges ou jaunes c’est un vrai bonheur. Elles ont le goût de la nature environnante : opulente et bien en forme.

 

Et puis, elles sont le souvenir d’une rébellion d’adolescente. J’aurais pu l’intituler : « Le temps des cerises » si à l’époque j’avais su que cette chanson était signe de révolution.

C’était quelques jours avant de passer mon brevet et comme d’habitude, mon père surveillait si je révisais et ma mère, toujours inquiète, surveillait ma santé et accusait mon père de mettre à rude épreuve une enfant si chétive. Mon père, fidèle à sa philosophie, n’écoutait que son énergie et sa volonté. Je subissais cette bienveillance épuisante avec patience même si je savais qu’il faudrait bientôt qu’elle cesse.

Un après-midi, épuisée par l’attention excessive de ma mère, je décidai de prendre un livre et d’aller me cacher des regards maternels.

Je sortis de la cour, empruntai le chemin longeant les vignes et m’engageai dans le jardin.

Là trônait le cerisier et ses fruits défendus par la précaution maternelle. En effet, ma mère prétendait que les cerises mangées trop vite et en grande quantité coupaient la faim et provoquaient d’autres désagréments que je ne vous détaillerai pas…

Forte de ma décision, je grimpai dans les branches du cerisier qui offrait une fourche agréable où m’asseoir confortablement, le dos calé pour déguster mes fruits préférés et me livrer à l’activité que je pratiquais en cachette la nuit : la lecture.

Plongée dans mes gourmandises, j’entendais ma mère, criant du balcon de la maison, mon prénom à tue-tête. Décidée à imposer ma volonté, je ne répondais pas.

Cela dura quelques heures où j’engloutis les beaux fruits et les pages de mon livre.

Quand en fin d’après-midi, il fût temps de rentrer, je du en convenir : je n’avais plus faim et j’étais ankylosée. Mais quels délices : au pied de l’arbre les noyaux des fruits s’étalaient dévoilant mon forfait et le marque page s’était éloigné des premières pages de mon livre bientôt terminé. Ma mère soupirerait quand j’en réclamerai un autre.

Quand je franchis le seuil de la cuisine, j’avais le ventre rond et la mine réjouie, ma mère m’attendait de pied ferme et bien entendu je bénéficiai d’un sermon dont je ne me souviens que de l’intensité.

En moi résonnait les mots de Pierre Loti qui m’avaient tenue en haleine tout l’après midi et j’avais encore en bouche le goût sucré des cerises éphémères.

Contrairement aux avertissements maternels quant à la nuit que j’allais passer et aux prédictions paternelles qui me menacèrent d’échouer à mon examen si je ne révisais pas sérieusement, les cerises ne dérangèrent pas ma digestion et je fus reçue à mon brevet.

Et ainsi, je suis restée amie pour la vie avec les cerises et les livres.

Je passais un été fructueux à lire de nombreux livres avec l’autorisation paternelle et les cerises ayant disparu des arbres avec le soulagement maternel.

Mais si je pouvais lire à mon aise, je devrais attendre avec patience que les saisons passent pour goûter à nouveau à mes fruits préférés. Et depuis ce jour mémorable, j’attends le temps des cerises.

 

 

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La contrainte d'écriture: 

Faire un texte en décrivant une aventure qui vous est arrivée pour déguster votre gourmandise préférée.

Vous pouvez tout aussi simplement faire l’éloge de cette gourmandise pour expliquer pourquoi vous l’aimez tant.

 

 

 

 

 

 

 

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