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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Rue du Pont

Episode 4/6

Episode 4/6

Les aventures nocturnes s’accumulaient et je n’avais toujours pas trouvé le moyen de rencontrer Arthur qui bottait en touche pour pas me recevoir. Pendant ce temps là, Gillette grognait de plus en plus en réglant les factures et j’avais peur que ça dégénère. J’essayais de calmer le jeu jusqu’au soir fatidique où  ça a commencé à m’échauffer aussi. Un soir de février, on était tranquillement en train de manger la soupe quand mon ami Jeannot m’envoie un message :

  • Bonsoir Sylvestre, il faudrait que tu viennes me voir,
  • Il m’arrive une aventure dérisoire,
  • Que je ne peux résoudre seul et sans aide,
  • Vite et sans délai, car j’ai les doigts raides.
  • Couvre-toi bien, il fait très froid,
  • Je t’attends devant chez moi.

Depuis le temps que je le connais, je me suis habitué à sa manière de parler et j’ai tout de suite compris qu’il était coincé.

  • J’arrive, que je réponds.

J’enfile mes chaussures, mon gilet jaune, une cagoule,  je prends ma lampe électrique et ma boite à outils qui va sûrement être nécessaire et je vais rue du Pont où habite Jeannot. Une petite lumière s’agitait à l’endroit de sa maison, c’est comme ça que j’ai su où j’étais. Jeannot était assis sur le rebord de la fenêtre.

  • Pourquoi tu restes dehors ? Que je demande, il fait un froid de canard, rentrons,
  • Tout le problème est là, je ne peux point entrer
  • ,A l’intérieur de la serrure, j’ai rompu la clé.
  • Nous v’la bien , que je dis en repoussant ma casquette qui arrête pas de glisser sur la cagoule. Bon je regarde.

Je m’abaisse au niveau de la serrure et Jeannot se joint à moi en pointant son grand nez. C’était pas facile. Il me donne des conseils. On discute. On se dispute. Je bricole, il surveille quand soudain une lumière envahit les lieux,  qui nous découvre tous les deux activés sur la serrure. Et on entend :

  • Gendarmerie nationale, on ne bouge plus.
  • Nous v’la bien, que je dis
  • Fichtre ! Que se passe-t-il ? Renchérit Jeannot

On a pas eu de chance cette nuit là, Charles était pas de garde, sinon, il m’aurait reconnu tout de suite et ça se serait arrangé. Mais c’était un autre gendarme, au regard cruel, les pommettes hautes, les cheveux blonds rares, coupés courts. Il avait un teint de bélouga et roulait des épaules quand il marchait. On l’aurait dit prêt à nous envoyer un missile.

  • Qu’est ce que vous faites là ? Qu’il demande avec son regard en dessous
  • Vous voyez bien, mon ami répond Jeannot avec un air absent, nous essayons d’entrer.
  • Vous êtes donc pris en flagrant délit d’effraction. Embarquez-les ! qu’il ordonne à son collègue.

C’est comme ça qu’on s’est retrouvés au trou toute la nuit, enfermés et sous surveillance comme si on était dangereux. J’ai bien essayé de parlementer, mais autant parler à un mur. Je sais pas d’où il sortait ce bleu là. Mais comme Trouvert, il était plongé dans l’obscurité.

Un peu en colère après Jeannot qui n’était pas non plus à court d’idée pour faire des couillonades, je lui ai demandé :

  • Qu’est que t’as fait avec ta clé ?
  • Tout ça est arrivé parce que je n’y voyais goutte,
  • Alors que j’ai le cœur en déroute :
  • Février est un mois terrible pour les esseulés.
  • J’ai voulu rendre visite à une dame pour passer la soirée.
  • Je suis revenu repu et jovial, prêt à renouveler mes ébats,
  • Je n’ai point pensé à la clé que j’introduisais, encore béat.
  • Ce n’était pas la bonne, j’ai forcé, elle s’est rompue,
  • Et entrer, je n’ai pu.
  • A une autre serrure, je pensais qui n’avait pas fait tant d’histoire
  • Pour encourager tous mes espoirs.
  • La mécanique n’est pas mon fort,
  • Mais il faut dire que noir, il fait dehors !

Et voilà, on revenait toujours au même souci. Heureusement que Charles n’était pas parti au ski, sinon on était bons pour une garde à vue. Quand il est arrivé, vers 6h heures du matin, il nous a libérés. Il était très ennuyé. Depuis des semaines, on lui racontait la même histoire, depuis des semaines, Arthur faisait la sourde oreille. Depuis de semaines, c’était le foutoir  la nuit à Trouvert. C’est quand il m’a demandé pourquoi j’avais mis une cagoule que je me suis fâché !

  • Non mais, tu me prends pour un cambrioleur ?!
  • Non, qu’il répond surpris par ma colère, seulement, ce n’est pas votre habitude ! Et le gilet jaune, c’est déjà suffisant pour faire comprendre que vous n’êtes pas content.

C’est alors que Jeannot a clos le débat :

  • Ainsi donc, la nuit, tous les chats sont gris,
  • Que le temps soit chaud ou tiédi,
  • On doit justifier de sa vêture,
  • Au risque de paraitre une étrange créature.
  • Les maitres pondent des idées saugrenues
  • Qui mettent le peuple en déconvenue.
  • On l’encourage à vivre comme avant
  • Tout en les yeux lui bandant.
  • Peu importe de lui avoir acquis le confort
  • Pourvu qu’il le paie au prix de l’or,
  • Surtout quand on lui reprend,
  • Afin qu’il y croit encore longtemps.

 

A suivre

 

 

 

 

 

 

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C
Il arrive bien des choses à Trouvert<br /> Quand l'électricité se fait Mystère.<br /> On ne s'ennuie pas avec les Trouveriens<br /> Catherine, pour nous distraire a les moyens.<br /> <br /> Merci.
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