Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture
13 Septembre 2021
Finies les fortes chaleurs, le manque d’eau et la luminosité aveuglante de la saison que vous appelez « belle ». Pour moi, la plus admirable c’est l’automne.
Les jours sont plus courts, mais pas les balades, heureusement. Ce n’est plus l’époque du farniente.
Le matin, la nuit s’éternise et il m’est très agréable de traîner un peu plus sur mon moelleux coussin. Les soirées se font plus longues, les deux pattes sont emmitouflées dans leur plaid sur le canapé et moi, lovée confortablement à leurs pieds. Parfois je le pousse de ma truffe pour le mettre devant la cheminée qui tiédit et embaume l’atmosphère douillette du salon.
« Hum ! Quel plaisir ! »
Mais nous profitons de la fraîcheur matinale et vespérale pour nous promener dans la campagne. Elle est envahie par le brouillard qui emperle les toiles d’araignée et les hautes herbes des chemins brûlées par le soleil trop ardent de la saison passée. Les pluies automnales creusent les sentiers créant des mares où j’adore planter mes pattes, voire de temps en temps m’y rouler, au grand dam de maman. Cela me rappelle un peu le printemps, mais surtout la mer et mes vacances chez la mamie de la plage.
Nous ne résistons pas à l’attrait de la forêt, elle est splendide ! Les arbres se parent de rouge, d’or, et d’orange. Les chemins forestiers sentent l’humus qui annonce l’arrivée discrète des champignons qui se cachent sous les feuilles. C’est la saison des plaisirs simples, cueillettes et petits plats chauds. Moi, je me contente de leurs odeurs appétissantes, je n’ai pas le droit à leur nourriture. Cèpes, bolets et châtaignes remplissent le panier de maman. Lors de nos balades sylvestres, je me méfie des bogues piquantes qui tapissent le sol : je regarde où je pose mes coussinets, sinon aïe aïe aïe ! Ça pique ! Je sautille sur place essayant de me faire légère ; je saute, sans beaucoup de succès par-dessus ces tapis piquants qui plairaient aux fakirs.
Dans le village, nous complétons nos récoltes : près des maisons abandonnées et les jardins en friche, pommiers, poiriers et noyers nous offrent maintes gourmandises.
Au loin nous admirons le spectacle plaisant des rangées parallèles de la vigne sur les coteaux. Cette dernière s’y est prélassée tout l’été, en rangs bien ordonnés buvant le soleil. Elle se teinte d’or et de sang. Les saisonniers envahissent les sillons en chantant leur bonheur d’être là, bien que le travail ne soit pas aisé. Le raisin deviendra boisson : le vin. A « boire avec parcimonie » disent les deux pattes, mais qu’en est-il ?
Si j’étais peintre, je colorerais la toile blanche de lin des mille couleurs de cette sublime arrière-saison.
Si j’étais musicien, à l’instar d’Antonio Vivaldi je composerais un hymne à cette beauté automnale.
Si j’étais journaliste, je parcourrais le monde pour découvrir, raconter et partager la magnificence de l’automne des autres contrées.
Si j’étais poète, je poserais ces mots :
La forêt habillée de pourpre et d’or
Pleure en tapinois et s’endort.
Les hôtes discrets de ses ramures,
Se cachent sans un murmure,
Apeurés par la venue des chasseurs
Détruisant sans remord leur bonheur.
Feuilles rousses, elles s’envolent,
Dessinent cabrioles et farandoles.
Feuilles d’or, elles frissonnent,
Papillonnent dans la brise d’automne.
…
Oups ! Ce ne sont pas mes mots, mais ceux de ma maman. Moi, je ne suis que Ioda. Je laisse à celle-ci les plaisirs de la création, je me contente de l’écouter, d’être avec elle et d’admirer cette merveilleuse saison qu’est l’automne.