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Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Episode 20 Sylvestre et les Mots

Episode 20 Sylvestre et les Mots

 

Monsieur le Ministre de la Culture,

 

Je vous écris aujourd’hui pour vous faire part d’une grande expérience. Depuis que j’écris, je me suis amélioré en Français. Tous les lundis après-midi je vais rendre visite à Mademoiselle Marianne qui se fait un plaisir de m’écouter et de me donner des conseils. Avec elle je révise tout ce que j’ai mal appris quand j’étais petit.

J’ai deux autres amis aussi, Jeannot et François-Marie qui m’aident beaucoup. En matière de langue française, ils ont une renommée incroyable et beaucoup de Français les connaissent même s’ils sont pas bien écoutés.

Bon, j’ai encore des lacunes, mais ça s’améliore et surtout, je prends goût à écrire. Je me suis mis à collectionner les mots et y en a qui me font rire. Je préfère parler de ceux-là et laisser les autres aux pessimistes. Moi, je suis du genre optimiste et surtout depuis que j’écris plus, je trouve plein d’idées et je les partage.

Je vais commencer avec les derniers que j’ai découverts grâce au Petit Robert.

Tenez, j’ai remarqué que ma nièce Bleuette, elle est un peu pâlotte en ce moment. Pourtant c’est le printemps, alors j’ai composé un beau bouquet de jonquilles, de pensées et de primevères. Je lui ai envoyé avec un petit mot gentil pour lui dire que le beau temps est arrivé. J’ai libellé ça comme ça :

« Bleuette,

Je t’envoie ce petit bouquet de flavoïdes cueillies dans mon jardin. De tout mon cœur, je te souhaite un joli printemps de fleurs flavescentes » Signé ton oncle Sylvestre.

J’aurais pu lui dire que je lui envoyais un beau bouquet de fleurs jaunes du jardin mais ça n’aurait pas eu le même effet littéraire.

Eh ben, vous me croirez si vous voulez, ça a marché !

Quand elle m’a revu la semaine d’après, elle avait meilleure mine : elle est devenue rubiconde ! (Bon ce mot là je vous l’explique pas, vous savez ce que ça veut dire).

Il faut vraiment peu de choses pour être bien : un beau bouquet et quelques beaux mots bien placés ! C’est mieux qu’une fiole de vitamines.

 

Voici un autre exemple peut-être plus facile à comprendre :

Prenez le mot « flatulence » pour remplacer le mot « pet ». C’est pas pareil !

La flatulence, ça gigote, c’est aérien, fin, racé, c’est signe d’un repas somptueux de ministre ou de député.

C’est presque le silence et ça n’a pas d’odeur. Le mot a des synonymes aristocratiques : vent, flatuosité, ballonnement, météorisme. Même en Français, il y a des différences sociales : y a des mots riches et des mots pauvres. Le magot n’est pas le même.

Alors que pet, c’est tonitruant, sonore, ça s’entend et ça se sent. Ça explose, c’est pas discret. Et il n’a pas d’autre synonyme que gaz qui fait très ouvrier.

Bref, la flatulence est un signe intérieur de richesse et le pet un signe extérieur de rusticité.

D’ailleurs, le verbe « flatuler » n’existe pas. Ce qui laisse supposer que le ministre ou le député ne pète pas puisqu’il a déjà des flatulences. Il garde tout pour lui, c’est bien la preuve que c’est un nanti. Et moi, l’homme de la campagne, je suis généreux, alors je pète de bon aloi, réjoui et solidaire.

Remarquez, je plains les citadins pauvres. Pour péter à Paris et en ressentir les bienfaits, ça doit pas être facile. Le pet du citadin est noyé dans le bruit ambiant et les odeurs nauséabondes de la promiscuité. Du coup, le citadin, son pet, il l’entend pas et le sent pas. Ce qui pourrait lui laisser supposer qu’il a des flatulences et qu’il a tendance à péter plus haut que son derrière.

Et c’est aussi pour ça que les Parisiens ont pas bonne mine. Péter, c’est une joie si on peut le partager, sinon, ça n’a pas de sens. Ils habitent dans des cages à lapin et tout le monde sait qu’un pet de lapin ça ne vaut rien.

Moi, ce qui m’inquiète, c’est que j’ai entendu qu’en 2050, il y aura trois fois plus de vieux qu’aujourd’hui et j’ai constaté que les flatulences et les pets ont tendance à augmenter avec l’âge.

Et donc, tous les vents seront à égalité : il faudra bien que les flatulences sortent.

Résultat : Liberté, égalité, fraternité !

 

A bientôt

 

Sylvestre

 

 

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