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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Epiode 17 Sylvestre et les caisses automatiques

Epiode 17 Sylvestre et les caisses automatiques

Monsieur le Ministre du Commerce,

Je vous écris pour vous parler d’une nouvelle idée qui vient de sortir de cerveaux qui doivent pas souvent prendre l’air. Faudrait dire aux commerçants qu’ils surveillent un peu leurs ouvriers ou qu’ils  les paient mieux parce que là, on marche sur la tête.

Alors voilà :

La semaine dernière, je vais faire une petite course au supermarché du coin. Je me dirige vers le rayon où je vais trouver ce que je cherche. Je rencontre quelques connaissances, on prend des nouvelles les uns des autres. Le taux de cholestérol de l’un, le taux de diabète de l’autre. On mesure les douleurs et l’influence de la météo. Bref, je prends mon temps pour créer du lien social et ne pas rester indifférent au monde qui m’entoure. Je jette un œil à droite, à gauche pour découvrir les nouveautés, je lis les affiches publicitaires. Et j’arrive à la caisse.

Et là, qu’est-ce que je vois ? Des caisses sans caissières !

Je regarde autour de moi, histoire de vérifier que j’ai pas la berlue quand une jeune femme avec un gilet orange s’approche de moi en souriant pour m’expliquer qu’elle est là pour m’aider.

Alors j’y vais : je présente mes petites courses devant le lecteur de code barre, j’attends que sur l’écran la description de l’article passe du rouge au noir, je le dépose dans le bac, je réponds aux questions de la machine, je paie, je prends mon ticket, je reprends mes courses. Quand je me retourne pour remercier, l’assistante s’occupe déjà d’un autre client.

Ben, au-revoir quand même ! que je crie, sans résultat.

Mais je suis pas d’accord ! Quand on a une caissière devant nous, on entretient une relation sympathique ou pas. On discute avec son voisin de devant ou d’après. Faire ses courses, c’est une petite sortie mais s’il n’y a plus personne à qui parler à la caisse, a quoi ça sert ?

Alors j’ai réfléchi et je trouve que les commerçants y vont un peu fort.  Et vous, ça fait des années que vous nous donnez des conseils et vous-même, vous ne les suivez pas. D’abord vous dites que vous combattez le chômage et quand on supprime  du travail , vous dites rien et puis vous nous faites travailler, nous les clients.

D’abord, il a fallu qu’on utilise un caddy, qu’on le remplisse nous-mêmes, puis il a fallu qu’on pèse les fruits et les légumes, puis, on a dû déballer nos courses sur un tapis, mettre la carte bancaire dans un appareil et remballer nos courses. Et maintenant ce que faisait la caissière, c’est nous qui allons le faire ! Il manquerait plus que vous nous demandiez d’imprimer le ticket de caisse à la maison et de ne plus accepter l’argent liquide pour vous éviter de rendre la monnaie et les clients se seront comportés en bons citoyens. Et pourquoi pas faire payer la carte de fidélité pendant qu’on y est : faire payer la fidélité, en voilà une bonne idée !  Et je vous ferai remarquer que c’est pas parce qu’on met la main à la pâte que les prix baissent ! Ça a même plutôt tendance à augmenter.

C’est comme les poubelles : plus on trie et plus c’est cher !

Je suis pas contre le progrès parce que normalement c’est fait pour nous aider, mais là, c’est nous qui aidons. Mais cette fois ci ce sera sans moi. Parce que j’ai décidé de résister.  Je savais même pas qu’à ma façon, j’avais commencé à résister, c’est Mademoiselle Marianne qui m’a ouvert les yeux. Je n’étais déjà pas un bon citoyen et je le savais pas ! Mais là, maintenant, je vais accélérer le mouvement. A une époque où tout est excessif, je vais résister excessivement !

D’abord, je vais faire la liste de tout ce que j’ai pas besoin. Ça évitera que j’aille trop souvent dans les magasins pour acheter des choses inutiles. Ensuite, je paierai au maximum en argent liquide, et surtout, j’utiliserai les caisses où il y a des caissières !

J’ai jamais fréquenté les soldes et le black Friday et ç’est pas aujourd’hui que je vais le faire. Et puis dites donc, encore une incohérence : il faut consommer mais protéger la planète. C’est vous qui le dites mais vous voulez nous le faire faire pour qu’on continue à se plaindre et faire gagner des sous à des gens qu’en ont pas besoin.

Ben, je refuse et j’ai pas fini de refuser. C’est Gillette qui a raison et à partir de maintenant je vais l’écouter plus et vous, vous devriez en faire autant !

Parce que le jour où un illuminé va décider que ce sont les patients qui vont faire les médecins eux-mêmes, vous allez faire baisser la population : il y aura plus  de retraités, de salariés ni de chômeurs et vous n’aurez plus personne à piller ! Vous serez « Gros Jean comme devant » comme dit mon ami Jeannot !

 

Bien le bonjour !

 

Sylvestre

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G
Bonsoir Catherine, j'ai lu le texte hier et j'ai beaucoup rit et c'est tellement vrai, encore merci pour ce moment. Murielle
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C
Bien envoyé, mais déjà dépassé, mon Cher Monsieur Sylvestre. Tu penses rentrer dans la résistance mais en as tu les moyens ? Bientôt tu ne pourras plus payer tes courses en espèces : les banques (soutenues par nos hommes politiques) font tout pour supprimer ce mode de paiement, trop difficile à contrôler et taxer. Il suffira de montrer son smartphone à une machine (encore une) pour que le montant de tes courses soit directement déduit de ton compte bancaire. Et puis si je ne me trompe pas, tu peux déjà "rendre visite" virtuellement à un médecin en vidéoconférence quand tu es malade. Sera-t-il toujours là pour répondre à tes angoisses ? C'est pour quand le robot qui posera le diagnostic et qui te prescrira les médicaments dont tu auras besoin ? Est ce que cela diminuera le prix de la consultation ? des médicaments ? Comme tu le dis au début Mon Cher Sylvestre : "nous marchons sur la tête".
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C
« Smartphone » mon Cher Sylvestre… Effectivement si j’emploie des mots barbares, des mots pas français qui envahissent le vocabulaire bien de chez nous, il y a de quoi t’emberlificoter le ciboulot. <br /> Je vais t’expliquer, un Smartphone c’est un téléphone ; tu connais cet outil et son utilisation. Toi à tes débuts, tu devais passer par une téléphoniste plus ou moins agréable, pour avoir ton correspondant. C’est vrai que tu as encore la boîte noire en bakélite sur le guéridon du salon avec la rondelle à trous et à chiffres. Tu n’as jamais voulu le mettre aux ordures, sentimental que tu es, il te rappelle trop de souvenirs. Mais la modernité est passée par là, maintenant ils en sont au Smartphone. <br /> Si tu as besoin de plus d’explications sur cet outil que je trouve trop présent dans notre monde actuel, demande les moi. Je me ferai un plaisir de t’en dresser un fidèle tableau … à faire dresser les derniers cheveux que tu as sur le sommet de ta caboche.