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desmotsdebrie

Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture

Disa, la hérissonne

Disa, la hérissonne

 

Lors des nuits estivales, quand le ciel bleu indigo est tout endiamanté, quand les lumières du village sont éteintes et que les seuls bruissements qu’on entend sont ceux de la nature, nous sortons de notre cachette diurne et partons à la découverte du jardin.

Prudente, je m’assure que la Dame aux cheveux blancs et son « quatre pattes » ne sont pas de sortie. Parfois, ces deux-là s’attardent dans l’éden, couchées sur l’herbe, silencieuses ; alors je dis à mes deux choupinous d’être discrets. Nous aimons cette heure où une certaine fraîcheur remplace la chaleur écrasante de la journée et où la lumière aveuglante n’est plus qu’un vague souvenir.

C’est la nuit des étoiles, j’encourage mes deux moutatchous de sortir de notre nid. Celui-ci est caché sous le tas de bois abandonné près de la haie derrière le garage. Nous traversons le jardin pour nous rendre auprès de l’abri que cette Dame a construit pour nous.

Si je refuse d’y dormir c’est que trop d’odeurs dérangeantes stagnent dans ce coin : La sienne, celle de la fameuse Ioda, la « quatre pattes », mais aussi celles des chats du voisinage. Mais sachant que régulièrement elle y dépose, tout au fond une petite assiette remplie d’une odorante pâtée pour nous, je veux bien certains soirs y faire un petit détour. Cela nous change des vers de terre, limaces et insectes que nous trouvons assez facilement dans ce jardin où heureusement, les pesticides et désherbants sont proscrits.

« Allez, mes choupinous, on ne lambine pas, profitez de cette fraîcheur bien agréable, humez moi ce bon air plein de bonnes odeurs, oui levez votre petit museau pointu mais avancez. Ecoutez ce hululement, cet oiseau de nuit est notre ennemi, il peut nous attraper dans ses serres et nous emporter dans son nid pour nous dévorer, alors ne traînons pas trop à découvert. » Dis-je pour encourager ma progéniture à avancer promptement.

« Restez à l’affût d’un moindre bruit, de la moindre odeur. »

L’humidité de la nuit mouille déjà les herbes qui nous caressent le ventre ; elle appelle escargots et limaces à sortir de leur cachette et nous allons pouvoir nous régaler. Hummmm ! Sentez-moi cette bonne odeur de pâté, la Dame aux cheveux blancs a dû approvisionner notre garde-manger. »

Nous tournons le dos au potager et nous dirigeons vers la terrasse où un festin nous attend. Dans notre précipitation, nous passons sur la plaque de verre qui affleure le sol et qui sert de mini serre enterrée à la Dame.

« Scritch ! Scratch ! Scritch ! Oupsss, nous ne sommes plus aussi silencieux que quand nous déambulions dans l’herbe, vite hâtons-nous de sortir de ce piège ; on nous entend à des kilomètres ! » M’écrié-je.

Dans notre empressement à vider les lieux dangereux, j’émets quelques petits grognements et couinements pour inciter mes bébés à progresser plus rapidement en se collant à moi, oubliant d’être plus réservée.

Leurs petites pattes ont bien du mal à s’activer dans les herbes mouillées qui leur collent au ventre. A leur tour, ils soufflent et grognent tant ils sont épuisés par cet effort.

Soudain une lumière s’allume et glisse sur le décor environnant ; nous accélérons pour traverser cet espace découvert et dénonciateur. La lumière passe sur nous, nous dépasse ; nous ne bougeons plus. Le rayon lumineux revient, repasse sur nous, nous dépasse à nouveau mais revient sur nous et s’immobilise. Nous sommes pris au piège de ce rai, nous restons cois. Un bruit de pas et une galopade se font entendre, quelqu’un s’approche de nous.

« Ne bougez pas mes choupinous, restez collés à moi et mettez-vous en boule comme je vous ai appris… Vous ne risquez rien. »

Immédiatement, nous arrondissons notre dos, nous nous rétractons, dressons nos piquants. Certains d’eux pivotent et viennent sur notre front pour cacher notre petit museau pointu qui s’enfonce sous notre ventre couvert d’une douce fourrure. Nous formons alors une boule imprenable. Nos piquants redressés sont nos meilleures armes pour dissuader nos ennemis.

  • « Kaï ! Kaï ! ça pique ! » Pleurniche la Ioda.
  • « Tu es punie, je t’avais dit de ne pas toucher » réplique la dame aux cheveux blancs intimant l’ordre « Pas toucher ! »  à Ioda la curieuse.
  • « Qu’elle est stupide celle-ci, ce n’est pas la première fois qu’elle met sa grosse truffe sur moi et qu’elle se pique.  Je ne suis pas un ballon et je ne veux pas jouer avec toi, t’es trop grosse, tes pattes sont trop lourdes. Tes griffes et tes crocs bien trop puissants et acérés. Pousse-toi de-là, la grosse ! Laisse mes choupinous tranquilles. » lui grognais-je.
  • « Oh ! Une hérissonne avec deux bébés, comme c’est mignon ! Viens Ioda, rentrons vite à la maison, il faut que j’aille chercher mon téléphone pour filmer la petite famille » s’excite la Dame entraînant l’énergumène à quatre pattes.

La lumière disparaît, la Dame et Ioda s’éloignent précipitamment. Il nous faut profiter de cet instant de répit pour nous carapater au plus vite dans les hautes herbes qui bordent la haie. Une fois sous les branches basses de celle-ci, nous serons sauvés, elles ne nous retrouveront pas.

Je me mets entre mes deux choupinous permettant ainsi à nos piquants de s’entremêler. Arrimés à moi, je les entraîne prestement à l’abri de ces curieuses.

 

 

 

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K
Sympas Disa et ses bébés !<br /> J'ai aussi eu une famille que je nourrissais de croquettes et de lait !
Répondre
D
Apparemment, maintenant il déconseille de donner du lait aux hérissons, ce serait néfaste pour leur santé. Par contre croquettes et pâtés de chats et de chiens OUI. <br /> Avez-vous remarqué que ce même évènement (la nuit des étoiles) a été raconté par Ioda ? Un même évènement vécu différemment par deux acteurs.