22 Mars 2021
Ma vie commence ainsi : je suis une petite graine, perdue parmi d’autres et enfermée dans un sachet. Ce statut de prisonnière ne me convient pas. J’attends qu’une bonne âme me délivre et alors, à moi la liberté…
La fin de l’hiver approche. Le jardinier soucieux de ses futures plantations vérifie le type de graines dont il dispose.
Son plaisir, travailler la glèbe. Aussi prend-il soin de ce jardin dont il est fier.
Après les assauts de la froidure, le terrain se réchauffe. Les premières poussent percent la terre et se développent.
Les plantes s’épanouissent. Puis arrive l’époque où le potager regorge de produits.
Quant à moi, je me contente de prendre de l’embonpoint, parfois à la limite de l’explosion.
Cependant, ma destinée n’est pas enviable. En effet, la ménagère, je le sais, guette le moment où elle va me tirer par les « cheveux », m’extraire de mon abri pour un funeste destin : noyé dans du vinaigre en compagnie de cornichons et d’aromates. A moins que, dans ma robe jaune ou rouge je reste étalé au soleil pour sécher. Après, ma foi, une main habile arrachera les fanes ou les tressera. Je serai déposé dans un cageot ou pendu à un clou dans la resserre en attendant…l’inéluctable.
Il arrive que je sois croqué par gourmandise ou qu’on veuille apaiser une fringale. Eh oui, ne grimacez pas, cela arrive ; mais alors bonjour les effluves…
Parfois je termine en confit, mais la plupart du temps j’intègre la composition des mets. Avec dextérité la maîtresse des lieux m’épluche, me coupe en fines lamelles et me jette dans quelque récipient. Aïe ça brûle ! Je suis saisi, je rissole et suis malmené afin de ne pas roussir. En résumé, je cuis à petit feu. L’exhalaison parfume l’espace.
Je n’échappe pas à mon cruel destin, quel qu’il soit. Cependant je savoure l’instant où l’auteur de mon « déshabillage » tire quelques larmes et ceci, avant d’être savouré à mon tour.
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Quelle destinée l'oignon!