Atelier d'écriture créative, écriture partagée, en groupe, littérature, poésie, nouvelles, apprentissage techniques d'écriture,exemples de contrainte d'écriture
12 Février 2021
Monsieur le Ministre des Français,
Je sais que la situation est pas très gaie en ce moment, mais quand même, je voudrais vous parler d’une aventure qui m’est arrivée la semaine dernière et je tiens à vous signaler que je suis pas sourd ni aveugle et avec mes lunettes, je vois très bien.
Tout ce que je vais vous raconter, je l’ai entendu ou lu.
Voilà, j’avais des courses à faire à Beautrou sur Marne. C’était en fin d’après-midi. Je gare ma voiture sur le boulevard pour gagner la rue principale comme je le fais toujours.
D’abord, je vais chez l’opticien parce que j’ai cassé le bout d’une branche de lunettes. Une jeune fille m’accueille, très polie et elle propose de me remplacer la branche cassée.
Et elle me dit :
Et je m’en vais, goguenard : ah ces jeunes, ils pensent que ça sert à quoi les lunettes ?
Elle était bien bonne !
Je passe sous le rideau de la fleuriste qui était en train de vider l’eau contenue dessus et pan, toute l’eau se déverse sur moi et j’entends la fleuriste qui dit en rigolant :
Bon que je pense si ça la fait rire, c’est bon signe.
Je me dirige vers le marchand de journaux, j’achète un magazine pour Maya et je passe à la caisse. Devant moi, il y avait une jeune femme qui demande :
Ben ma fille si un calendrier est pas à jour, qu’est ce qui le sera que je me dis.
Je paie et je m’en vais en me disant que les gens ont de l’humour !
Je passe devant une boucherie fermée et je lis l’affiche scotchée sur le rideau baissé:
« Fermé pour cause de santé ». Ben s’il ferme en bonne santé, qu’est ce que ça doit être quand il est malade. Ah ! Ah, elle est bien bonne, ce qu’ils peuvent inventer pour pas travailler.
Là, j’ai commencé à me demander si j’étais bien éveillé quand au bout de la rue, je lis une affiche qui dit : « Exposition, entrée libre » suivi d’une flèche vers le cimetière.
Là, j’ai commencé à me dire que c’était peut être fait exprès.
En lisant la vitrine d’un coiffeur, je découvre cette offre :
« Shampoing, coupe, brushing : 30€
Shampoing, coupe, séchage : 20€ ». Dix euros en plus pour un mot anglais ! D’habitude, c’est plus cher quand c’est fabriqué en France. Et tout ça pour un mot qui existe même pas en anglais ! (J’ai vérifié). Si ça faire rire les coiffeurs, pourquoi pas !
Je continue ma promenade quand je me heurte à un monsieur qui sort d’une maison en disant : « Merci de la visite que je vous ai faite ».
Ben mince alors que je me dis, qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? Et c’est pas fini !
Devant la vitrine du marchand de vin, un couple se disputait, une affiche disait : « Economisez l’eau, buvez du vin ! » Madame n’était pas d’accord et Monsieur s’est mis à crier :
Je les ai laissés et j’ai continué, j’avais envie de rentrer, mais franchement ça aurait été trop dommage.
Sur une porte était écrite l’inscription suivante :
« Une porte, c’est comme un parachute, pour que ça marche, il suffit de l’ouvrir ».
Devant un bac à ordure, un monsieur essayait vainement de jeter son sac poubelle mais une camionnette de la Poste obstruait le passage et on pouvait lire sur la carrosserie : « Pas de problème, la Poste est là ».
Je me suis arrêté cinq minutes sur un banc pour me reposer parce que je commençais à me tenir les côtes tellement tout ça était rigolo, quand une affiche collée sur la porte de la parfumerie disait :
« Puisque nous sommes de passage, ne soyons pas sages ». Ben en ce moment, je sais pas si c’est bien conseillé mais après-tout, autant en rire.
Je me levais et me dirigeais vers la mercerie pour acheter une pelote de laine à Maya et quand j’ai été servi, la mercière me dit :
Je suis parti content de moi enfin Monsieur Le Ministre, la cerise sur le gâteau qui m’a amené à une conclusion que je pressentais depuis le début.
Je vais chercher du gasoil et au moment de payer, je dis que les prix baissent pas.
Le caissier me dit, droit dans les yeux :
Quand je suis arrivé chez Maya, j’étais mort de rire. Je lui ai raconté tout ça et je vous jure que j’ai rien inventé : j’ai tout lu et entendu.
Maya a tiré la même conclusion que moi : Les Français vont très bien Monsieur le Ministre.
Je sais pas si c’est les effets secondaires du virus, mais finalement, tout ce qu’on raconte partout dans les journaux et à la télé, ben c’est pas vrai, les Français frisent le bonheur et il le trouvent dans les mots d’esprit !
Je voulais vous le dire pour vous rassurer. Gillette est pas de mon avis, elle dit qu’ils sont tellement moroses qu’ils sont prêts à tout entendre rien que pour pouvoir partir en vacances.
Voilà ce que pensent François-Marie et Jeannot : on dit de nous les Français que nous sommes des enfants gâtés, que nous sommes des ronchons, des grognards et des râleurs, oui mais les autres peuvent-ils se targuer de râler avec autant d’esprit ?
Et les dirigeants qui savent établir des plans B pour le cas où le plan A ne fonctionnerait pas, ne peuvent-ils pas se référer au système D, si profitable aux Français ?
Moi, je pense que vous devriez sortir de votre bureau et lire tout ce qui est écrit sur les murs et les slogans publicitaires, et les slogans des randonneurs aussi.
Vous y apprendriez effectivement que les Français sont toujours les mêmes avec toujours autant d’esprit.
Bien à vous
Sylvestre