Solidarité féminine

C’est l’histoire d’une petite souris bien affligée par une drôle de morte saison. La pluie s’est abattue sur la Brie inondant les vertes prairies. Ainsi, la nourriture vient à manquer à la petite bête obligée de se replier sur les habitations.

Une nuit, la petite souris, narines à terre, découvre une cave.

Bien aérée, pas froide ni mouillée.

Enfin, se dit-elle, j’ai trouvé une caverne où reprendre des forces.

Toujours les narines palpitantes, elle s’apprête à se nicher quand des odeurs intéressantes s’insinuent dans sa cervelle. Elle ouvre grandes ses pupilles et ne croit pas ce qu’elle voit : la cave est bien rangée et dans une petite allée à porter de pattes, des victuailles sont exposées dans des cagettes bien remplies.

Là, reposent pommes, carottes, endives, pommes de terre, échalotes, bananes, mandarines, oranges et bien d’autres choses rondes et colorées …et la merveille des merveilles, des poires.

N’écoutant que son aubaine, la petite souris attaque une poire. Juteuse à point.

Il y a longtemps qu’elle n’en a pas dégustée. Elle se remplit la panse à rouler par terre. A l’aube, notre amie repue sort de la cave pour aller vivre ses aventures de la journée.

Puis quand la lumière décline, elle gagne la caverne propice à sa bonne santé.

Dès son arrivée, elle s’empare d’une friandise et la dévore à petites bouchées, ne laissant que la queue.

Quand les poires sont terminées, elle attaque les pommes.

Puis, une nuit, elle s’aperçoit que les précieuses vivres ont été enlevées.

Elle a été découverte. Elle termine ses agapes et remarque une belle pomme rouge intacte, posée à côté de la poire qu’elle vient juste de terminer.

Demain, elle fera encore ripaille. Et l’habitude s’installe, comme la souris.

A chaque fois qu’elle achève une Royal Gala, une autre est systématiquement déposée pour qu’elle puisse continuer à festoyer dans la cagette.

Parfois, elle entend une grosse voix derrière la porte de la cave qui menace d’acheter une tapette pour éliminer l’intruse et une autre voix, plus petite qui dit que bientôt ce sera la belle saison et que la petite souris trouvera ailleurs de quoi manger. Alors à quoi bon s’inquiéter ?

Ce qui plait à la maitresse de maison, c’est que la souris déguste sa convoitise jusqu’à la fin. Elle ne laisse jamais une peau, une miette avant de consommer la pomme toute ronde disposée à côté de la dernière bouchée fripée.

La souris dans sa petitesse animale a beaucoup plus de sagesse que l’espèce humaine qui gaspille.

Jamais elle n’entame une nouvelle gâterie sana avoir achevé la précédente. Elle connait les règles de la nature.

Et c’est pour la remercier de cette modération que la maitresse de maison veille à sa pitance.

Mais maintenant que la petite souris possède la clé de la boite gourmande reprendra t- elle celle de la campagne ?

Suite à la prochaine saison…

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Il semblerait qu'écrire au féminin rapproche de la nature...