18 Septembre 2017
Monsieur alerté par le bruit
De la danse des motos ronflantes
Prudemment sort de son logis
Regarder cette ronde lancinante.
Madame promène son canidé
Près des pâquerettes odorantes.
Des relents lui donnent l’idée
D’y déposer sa portion puante.
Monsieur , hardi, se plaint du bruit.
Monsieur se plaint de la jeunesse.
Madame n’en a pas après autrui.
Madame reconnait la détresse.
Monsieur suggère quelques options
Pour initier les jeunes années
A un labeur d’éducation.
Madame s’exaspère, échauffée.
A son tour d’entamer sa plainte :
Charger le Briard déplaisant
Et vertement lancer sa pointe
Au voisin peu compatissant.
Mais heureusement pour Madame,
C’est un grand défaut pour Monsieur
Elle n’a pas la Brie dans son âme.
De se plaindre, il est audacieux.
Le Briard comprend son état :
Il est un vrai Briard en Brie
Personne n’est à l’abri !
Mais il n’est pas indélicat.
Et avec une politesse gaie,
Venue de son bon caractère
A la mégère lance ses souhaits
De bonne fin de journée prospère.
Elle dit merci, autoritaire,
Cours au logis au pas de l’oie.
Derrière elle, le chien obtempère
Sans choix, il suit en restant coi.
En France, la Brie est une grande Île
Vous ne le saviez pas Madame ?
Paris aime la Brie, ainsi soit-il !
C’est son grenier, il le réclame.
De son lait au temps du grand Roi,
De son eau pour toujours, elle vit.
Ainsi Paris a fait son choix,
Ne vous en déplaise, c’est ainsi.
Au fin fond de sa belle verdure
Les écrivains s’y inspirent bien.
Dans sa quiétude font une vraie cure,
Quel que soit le Briard voisin.
Et puis, le béret basque il porte.
A son ami chien, dans le jardin
Il ouvre l’espace grand de la porte
Non pas le trottoir citadin.
Si le chant joyeux des oiseaux
Résonne à son oreille champêtre
Bien mieux que le bruit des motos
C’est qu’il reconnait le bien-être.
Alors Madame, l’anti briard,
Vous qui venez d’un autre lieu,
Allumez très grand votre phare,
Sur vos propos peu élogieux.
Si ses idées ne vous vont point,
Plutôt que vous chauffer l’esprit
Soyez sage et partez à point
Tel l’aurait dit Jeannot en Brie.
J’affûte mon effronté crayon
Moi, le témoin de cette histoire
Pour cette brève élucubration.
Puisse-t-elle ne pas briser l’espoir
Que les esprits, briards ou pas
Pourront planter toutes leurs racines
En cette terre riche, sans embarras,
Pour que la parole se raffine.
Cependant mon esprit curieux
Qui s’est régalé de la scène
Toujours tenté d’écrire onctueux
Convoite de terminer sans haine.
A Madame, je dis grand merci
De m’avoir offert sa sottise
Sans lésiner, telle une furie
Pour concocter une Briardise.
*dans le patois briard : lancer des poires d’engoules, c’est lancer des insinuations blessantes pour l’interlocuteur.
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Cette petite scène m'a beaucoup amusée et je me devais de l'écrire. Décidément, les Briards donnent beaucoup d'idées....