Mots, je vous hais!

Mots, je vous hais !

Pour une collectionneuse de mots comme moi, il me parait difficile d’admettre que je les aime tous. Mes carnets et répertoires divers sont remplis de mots que je m’approprie pour les garder bien au chaud dans ma tête, prête à les utiliser au moindre besoin d’écriture.

Et pourtant, certains ne trouvent aucune place dans mon cœur ni dans mes oreilles.

Il n’y en a presque pas. Aie ! Avez-vous entendu ?! Ce mot banalisé, médiatisé, écrié, associé, que je n’ai pas pu prononcer, l’avez-vous entendu ?

Quasiment pas…

Voilà, il est là, ou il n’est pas là ?

Les adverbes, dit Stephen King, il faut s’en débarrasser, c’est trop lourd.

Il a raison. Et puis, « presque », malgré tout, c’est apporter une nuance, une souplesse, une éventualité, une mesure.

Presque mort, dit le journaliste, ça laisse un espoir, peut-être pas mort. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Quasiment est lapidaire.

Quasiment mort, c’est fini. On a prévu le trépas pour mieux l’annoncer, l’anticiper.

Et si c’est quasiment nul, c’est encore plus fort. On ne peut parler de choses négatives puisque ce n’est pas encore nul, mais on frise le zéro sans savoir où on se situe, au-dessus, au-dessous.

En tout cas, c’est sérieusement grave pour en parler avec quasi certitude. Mais enfin, on en est pas sûr non plus. On est juste sur la piste de l’indice qui va éclairer la situation.

Et quand ce sera quasiment fait, alors là, on pourra conclure, savoir, agir dans un avenir quasi proche, bref, à venir, mais devant nous, que le pire est enfin passé.

Envolé le sel de l’esprit, le grain de folie, la fine ironie, le trait d’humour ! Des faits, rien que des faits… incertains, parce que les rapporteurs n’ont pas pris le temps d’attendre !

Bref, au moment où l’événement est relaté, il ne s’est presque rien passé et alors, ils ont « quasiment » tout fait pour nous annoncer au conditionnel par un mot rabâché devenu sans signification des faits dont on ne sait finalement rien !

Alors, je voudrais bien être une vraie cuisinière, celle qui utilise le quasi à toutes les sauces, y mélange les ingrédients goûteux qui vont faire de ce morceau de choix une des saveurs les plus délicieuses qu’il soit sous les papilles des bons gourmands. Le mot ne va pas les importuner parce que sa consonance rime avec leur goût affiné.

On pourrait m’accuser d’exagération puisque ce mot existe.

Certes, je reproche seulement aux personnes qui l’emploient de le mal cuisiner…

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Contrainte d'écriture: listez des mots que vous n'aimez pas et écrivez un texte...tout simplement!

Comments

[elisabeth REGARD]

je l'avais oublié cette consigne